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Libération
Tension

A Houston, coup de chaud sur le consulat de Chine

Washington a ordonné la fermeture immédiate de l'un des cinq consulats chinois aux Etats-Unis, après plusieurs affaires de soupçons d'espionnage.
Le consulat de Chine à Houston, le 22 juillet. (David J. Phillip/Photo David J. Phillip. AP)
publié le 22 juillet 2020 à 18h03

Des gyrophares éclairant le consulat de Chine au milieu de la nuit. Des pompiers et des policiers interdits d'entrée malgré une épaisse fumée. Ordonnée par Washington à Pékin, la fermeture sous soixante-douze heures du consulat chinois de Houston, au Texas a donné lieu dans la nuit de mardi à mercredi à un autodafé nocturne de dossiers qu'on imagine sensibles. Un nouveau coup de théâtre dans les relations sino-américaines, déjà tendues après des mois de guerre commerciale, l'imposition, par Pékin, de la loi de sécurité nationale à Hongkong ou encore la dénonciation par Washington des persécutions commises au Xinjiang contre les Ouïghours.

Cette fermeture subite, qui a été rendue publique par Pékin, semble plutôt liée à des activités d'espionnage, un gros dossier entre les deux premières puissances mondiales. Déjà, fin septembre 2019, deux fonctionnaires de l'ambassade de Chine aux Etats-Unis avaient été expulsés, après s'être introduits, avec leurs épouses, dans une base militaire américaine sensible en Virginie. Une première depuis trente-deux ans.

«Représailles»

En déplacement au Danemark, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a dénoncé le «vol de propriété intellectuelle par le Parti communiste chinois», aux Etats-Unis comme en Europe, en affirmant que «ce sont des centaines de milliers d'emplois» qui ont ainsi été «volés» par le Parti. «La convention de Vienne dit que les diplomates doivent "respecter les lois et règles du pays hôte" et "ont le devoir de ne pas s'ingérer dans les affaires internes de cet Etat"», a rappelé de son côté la porte-parole du département d'Etat, Morgan Ortagus.

La Chine dispose de cinq consulats aux Etats-Unis. Celui de Houston a été le premier, ouvert en 1979, l'année de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Il compte 900 000 citoyens chinois inscrits dans ses registres. Sa fermeture constitue «une provocation politique lancée unilatéralement par la partie américaine, qui viole gravement le droit international», a dénoncé, devant la presse, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. «La Chine condamne fermement cette action scandaleuse et injustifiée», a-t-il ajouté, menaçant Washington de «représailles». En septembre 2017, l'ordre brutal donné de fermer le consulat de Russie à San Francisco avait également donné lieu à d'intenses activités de brûlage de documents par les diplomates aux abois.

Cyberattaques

Outre une ambassade à Pékin, les Etats-Unis possèdent cinq consulats en Chine continentale et une représentation à Hongkong. Le quotidien Global Times, porte-voix du Parti communiste chinois, lançait de son côté un sondage sur Twitter pour demander aux internautes étrangers quel consulat américain devrait être fermé en retour. Et ce alors que le réseau social est interdit dans le pays.

La décision de fermer le consulat de Houston intervient après l'inculpation aux Etats-Unis de deux Chinois mis en cause pour des attaques informatiques contre des entreprises engagées dans la recherche d'un vaccin anti-Covid-19, même si les deux affaires n'ont, semble-t-il, pas de lien apparent. «Le gouvernement chinois est un fervent défenseur de la cybersécurité et il s'est toujours opposé aux cyberattaques», a rétorqué, sans rire, la diplomatie chinoise, malgré les nombreuses affaires d'espionnage informatique auxquelles Pékin a été mêlé.