«Alors, qu'est-ce qu'on fait, on applaudit ou pas ?» La petite centaine de personnes rassemblées au pied du tribunal de Petrozavodsk, capitale de la Carélie (à un millier de kilomètres au nord de Moscou), hésitent un instant puis se décident : va pour les applaudissements. Des hourras retentissent. Quelques secondes plus tôt, l'avocat de Iouri Dmitriev a annoncé le verdict du procès de l'historien, spécialiste des répressions staliniennes. Il est condamné à trois ans et demi de prison pour agressions sexuelles sur sa fille adoptive. Dmitriev a déjà passé plus de trois ans en détention préventive, il sera libéré en novembre. Par rapport aux quinze ans de camp «à régime sévère» qu'avait requis la procureure le 8 juillet, cette condamnation fait l'effet d'un acquittement. «Evidemment que c'est une victoire», s'exclame Tatiana Savinkina, la soixantaine, venue soutenir Iouri Dmitriev. Retraitée du service de réhabilitation des victimes de l'URSS du ministère de l'Intérieur russe, elle connaît bien l'historien, avec lequel elle a travaillé. «Bien sûr, même cette condamnation légère, c'est injuste. Mais l'essentiel, c'est qu'il sorte bientôt pour pouvoir reprendre son travail.»
Iouri Dmitriev en juin 2019.
Nigina Beroeva pour Libération
C’est la fin d’une affaire judiciaire qui aura duré trois ans et demi. Iouri Dmitriev a été arrêté pour la première fois en décembre 2016. Il est accusé d’avoir pris des photographies à caractère pornographi