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Reportage

En Russie, les croix et la bannière de l’historien des crimes staliniens

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Au terme d’un feuilleton judiciaire, Iouri Dmitriev a écopé, mercredi, de trois ans et demi de prison. Derrière des accusations infondées, c’est son travail de mémoire sur les exécutions politiques qu’a puni la justice.
Mémorial dans la forêt de Sandarmokh, en Carélie, en juin 2019. «Humains, arrêtez de vous entretuer!» est-il écrit sur la stèle. Plus de 6000 personnes y ont été exécutées entre 1937 et 1938. (Photo Nigina Beroeva pour Libération)
publié le 22 juillet 2020 à 19h46

«Alors, qu'est-ce qu'on fait, on applaudit ou pas ?» La petite centaine de personnes rassemblées au pied du tribunal de Petrozavodsk, capitale de la Carélie (à un millier de kilomètres au nord de Moscou), hésitent un instant puis se décident : va pour les applaudissements. Des hourras retentissent. Quelques secondes plus tôt, l'avocat de Iouri Dmitriev a annoncé le verdict du procès de l'historien, spécialiste des répressions staliniennes. Il est condamné à trois ans et demi de prison pour agressions sexuelles sur sa fille adoptive. Dmitriev a déjà passé plus de trois ans en détention préventive, il sera libéré en novembre. Par rapport aux quinze ans de camp «à régime sévère» qu'avait requis la procureure le 8 juillet, cette condamnation fait l'effet d'un acquittement. «Evidemment que c'est une victoire», s'exclame Tatiana Savinkina, la soixantaine, venue soutenir Iouri Dmitriev. Retraitée du service de réhabilitation des victimes de l'URSS du ministère de l'Intérieur russe, elle connaît bien l'historien, avec lequel elle a travaillé. «Bien sûr, même cette condamnation légère, c'est injuste. Mais l'essentiel, c'est qu'il sorte bientôt pour pouvoir reprendre son travail.»

Iouri Dmitriev en juin 2019. 

Nigina Beroeva pour Libération

C’est la fin d’une affaire judiciaire qui aura duré trois ans et demi. Iouri Dmitriev a été arrêté pour la première fois en décembre 2016. Il est accusé d’avoir pris des photographies à caractère pornographi