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Libération
UNE VIE EN HÉRITAGE (12/36)

Patricia Hearst, séquestrée en hôte trouble

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Enlevée en février 1974 par un groupe terroriste d’extrême gauche, la petite-fille et fille de magnats de la presse finira, au bout de deux mois, par embrasser la cause de ses ravisseurs. Sous le pseudonyme de Tania, elle participera même, armes en main, à plusieurs braquages.
Patricia Hearst a rejoint l’Armée de libération symbionaise. (Photo Bettmann Archive)
par Valérie Sarre
publié le 30 juillet 2020 à 18h01

«Mum, Dad, I'm OK.» Une voix blanche, vide, presque liquide qui s'écoule dans un souffle traînant. La voix d'une jeune fille de 19 ans, enfermée dans un placard, dans le noir, depuis huit jours, ligotée, avec un bandeau d'éponges sur les yeux, car elle pleure sans arrêt. Patricia Hearst enregistre, dans son placard, le texte que lui a écrit le chef des ravisseurs, Cinque, nom de guerre de Donald De Freeze, le général de l'Armée de libération symbionaise (ALS), un Noir de 30 ans, multirécidiviste pour divers méfaits et échappé depuis peu du pénitencier de Soledad. Après une pause, la voix reprend. «J'ai quelques égratignures, mais ils me soignent. J'ai un rhume, mais ils me donnent des médicaments. Ces gens ne sont pas une bande de tarés. Ils sont prêts à mourir pour ce qu'ils font. Je veux sortir de là. Fais ce qu'ils demandent, Papa, fais-le vite.» Nous sommes le 12 février 1974, et c'est le premier enregistrement de la jeune fille depuis son enlèvement huit jours plus tôt. Le début de l'incroyable «feuilleton» Patty Hearst qui tiendra l'Amérique en haleine pendant des mois.

Le 4 février. Une journée comme les autres. Elle prend une douche avant d'enfiler un peignoir bleu ciel et des pantoufles assorties. Steve, son fiancé, regarde la télé. Il est 21 heures. Une jeune femme sonne à la porte