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Libération
Reportage

Portland : «Depuis l’arrivée des troupes fédérales, je me sens pris au piège»

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Chaque nuit, de nombreux manifestants américains se rassemblent dans la ville de l’Oregon pour réclamer la justice sociale et la fin des discriminations raciales. Au point de s’attirer les foudres de Trump, qui a envoyé des forces supplémentaires pour y rétablir «la loi et l’ordre».
Le 24 juillet à Portland, des agents fédéraux se servent de projectiles et de lacrymogènes pour disperser les manifestants. (Photo Noah Berger. AP)
par Laure Andrillon, Envoyée spéciale à Portland (Oregon)
publié le 31 juillet 2020 à 19h46

«C'est l'heure de s'équiper», annonce Tom, 24 ans, en observant la façade à peine éclairée du tribunal fédéral Mark O. Hatfield, logé à Lownsdale Square, en plein centre-ville de Portland, dans l'Oregon. Tous les soirs vers 23 heures, cet étudiant, qui se décrit comme un «Portlandais pur jus vivant une vie tranquille», s'empare d'un masque respirateur, d'une crosse de hockey et du plus solide de ses parapluies pour affronter le moment où des agents fédéraux, postés sur un balcon pour observer la foule, décideront de la disperser à coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Depuis la mort de George Floyd, Tom manifeste tous les soirs devant le Justice Center de Portland pour dénoncer les violences policières et l'injustice raciale. Jusqu'à récemment, il affirme qu'il n'avait besoin d'aucun de ces «accessoires». Mais début juillet, l'administration Trump a déployé des agents fédéraux pour restaurer «la loi et l'ordre» dans ce que le Président a décrit comme un bastion incontrôlable d'«anarchistes» et d'«agitateurs». Depuis, les rangs des manifestants ont grossi jusqu'à atteindre 10 000 personnes.

Un maire manifestant

Les tensions se sont accrues entre les manifestants et ces troupes intimidantes, réputées peu formées au maintien de l'ordre car issues du service de protection fédéral, de la police de l'immigration et de l'agence des douanes et de la protection des frontières. Po