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Interview

Aurélia Devos : «Nous avons montré que la justice universelle était digne et concrète»

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Rwanda, Etat islamique, yézidis… L’ex-cheffe du pôle spécialisé dans la lutte contre les crimes contre l’humanité Aurélia Devos explique en quoi l’entraide pénale internationale est nécessaire dans ce type d’enquête.
Mémorial pour les victimes du génocide rwandais, le 8 avril 2019, à Kigali au Rwanda. (YASUYOSHI CHIBA/Photo Yasuyoshi Chiba. AFP)
publié le 3 août 2020 à 20h31

Pendant presque dix ans, la procureure Aurélia Devos a incarné en France les poursuites contre les génocidaires et les criminels contre l'humanité. Samedi, elle a rejoint le Mécanisme «résiduel» des tribunaux pénaux internationaux pour participer à l'enquête sur le «financier» du génocide des Tutsis, Félicien Kabuga, arrêté en France le 16 mai. Alors qu'elle vient de quitter son poste de cheffe du pôle spécialisé dans la lutte contre les crimes contre l'humanité, créé en 2012 et rattaché depuis un an au Parquet national antiterroriste, la magistrate raconte pour la première fois son expérience de la lutte contre les crimes les plus graves.

Quels sont les principaux succès du pôle ?

Nous avons réussi à faire le premier procès pour génocide en France devant une cour d'assises sur la base de la compétence universelle [qui permet à la France de juger des crimes commis à l'étranger, sur des étrangers, par des étrangers, ndlr]. Beaucoup nous disaient que cette justice était impossible : trop éloignée géographiquement et temporellement, infractions complexes, etc. Nous avons montré que cette justice était digne, respectueuse des droits de la défense et concrète,