Paris, le 20 juin, 18 heures. A New York, il est midi, et Abby Stein pile à l'heure du rendez-vous, via Zoom. Son tee-shirt bleu roi affiche la tête de Bernie Sanders, avec la mention «Zayde» : «grand-père» en yiddish. Pâle, le regard noir, elle a des airs de Joconde. Mais elle répond du tac au tac tout en surveillant son téléphone portable, nous envoie en parallèle des liens vers des articles de presse. Bien d'attaque et rompue à la com. Il faut dire que sa trajectoire se prête à l'explication, au débat et au combat. Elle a pour pierre angulaire le rejet de deux héritages : religieux (le judaïsme ultraorthodoxe) et génétique (l'assignation à un corps de garçon). Abby Stein ou l'histoire d'un rabbin hassidique devenu femme, désormais militante LGBTQI.
Rompre avec la communauté hassidique, ce chemin de croix : le monde entier en a conscience grâce à deux gros succès de Netflix. Dans la mini-série allemande Unorthodox (2020), il faut toute la rage incandescente de la frêle Etsy pour oser fuir le quartier de New York dont elle n'est jamais sortie pour Berlin où, même là, «ils» viennent la traquer. Mais la détermination ne suffit pas toujours, prouve le documentaire américain One of Us (2017) autour de trois personnages. Ari, tout jeune homme, peine à apprivoiser le monde séculier, Luzer l'acteur vit dans un mobil-home, et Etty ferraille pour avoir la garde de ses enfants. Tous sont des transfuges, très spécifiques : ils ont fait le choix de tourner le