Quand Internet disparaît, que même les rares flux du réseau 4G encore disponibles se tarissent, c’est le signe indiscutable que les manifestations vont commencer et durer une bonne partie de la nuit à Minsk. Ce sont les automobilistes qui lancent le mouvement. Ils klaxonnent dans les rues de la capitale, drapeau blanc-rouge-blanc de la Biélorussie indépendante flottant aux vitres.
Sur les trottoirs, les piétons solidaires lèvent le poing à leur passage. Lundi soir, il fait encore jour. La journée de travail vient de s'achever, les choses sérieuses commencent : les voitures de police bloquent les avenues principales. Minsk passe en mode nuit. A 22 heures, pas très loin de la place de la Victoire, deux amoureux font une balade nocturne. «C'est important d'être visible, de montrer que non, nous ne sommes pas une bande de monstres, explique Vova, 28 ans programmeur. Les gens qui sont contre ces manifestations sont très rares. Ce sont surtout de petits vieux. J'ai vu une mamie crier sur les voitures qui klaxonnent : "Vous en demandez trop !" disait-elle. Je la comprends, les personnes âgées ont connu la guerre, les privations, puis le communisme et la crise économique. Pour elles, la Biélorussie de Loukachenko, ce serait presque le paradis : c'est la paix et on mange à notre faim.»
Sa copine Sasha, 29 ans, programmeuse elle aussi, est émue face à cette mobilisation. «Je n'en reviens pas ! Les Biélorusses ont tellement l'habitude de ne pas s'occuper de politiqu