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Libération
Reportage

En Biélorussie, femmes et ouvriers minent le système Loukachenko

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Près d’une semaine après la réélection de son président tout-puissant, la population poursuit les manifestations et les grèves pour demander son départ, malgré les arrestations et la violence de la répression.
Manifestation de femmes, jeudi à Minsk. Sur la pancarte, on peut lire «mon frère n’est pas un criminel». (Photo AP)
publié le 13 août 2020 à 20h01

A Minsk, c’en est fini du calme plat des longues journées déconnectées avant les nuits de manifestations brutalement réprimées. Depuis mercredi, les femmes se mobilisent pour demander la paix - vêtues de blanc, des fleurs à la main, elles étaient des milliers jeudi à former une chaîne le long de l’avenue de l’Indépendance, l’une des rues les plus longues d’Europe. Les voitures ralentissent pour les klaxonner, la «marche des femmes» grossit d’heure en heure, le métro est plein de manifestantes et de bouquets, la ville entière semble solidaire du mouvement, qui se répand dans toute la capitale et dans tout le pays.

Première grève

Aksana, 30 ans, est venue avec ses deux enfants, un bébé en poussette et un petit garçon qui attend sagement sur un banc : «Je suis ici pour demander la fin des violences ! Nos hommes, mais aussi des femmes, sont arrêtés et battus par la police, c’est une honte ! Un couple d’amis était en voiture, la police a brisé les vitres et le mari s’est fait embarquer, nous n’avons pas eu de nouvelles de lui pendant deux jours.»

L’usine d’Etat Keramin (qui produit des lavabos et carrelages en céramique) - située près de l’ancien aéroport devenu un chantier gigantesque, avec des dizaines de tours en construction, et soupçonné d’exister autant pour blanchir l’argent de Loukachenko que pour augmenter le parc immobilier de la ville - connaissait jeudi après-midi la toute première grève de son histoire, de mémoire d’employé. Alyaksandr, 32 ans dont 1