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Libération
Ma frontière bien aimée (26/36)

Chambre à coucher dehors

Souvenirs de passages de frontières, réelles, fictionnelles ou fantasmées. Il est toujours temps de rêver quand voyager devient compliqué.
(Illustration Christelle Causse)
publié le 17 août 2020 à 17h06

Même si à chaque nouvelle saison, la série Stranger Things tombe un peu plus dans la médiocrité, je ne la remercierai jamais assez d'exister. Sous couvert d'hommages au fantastique et aux années 80, le show explique concrètement l'existence des mondes parallèles et la présence de bêtes immondes. Enfin, la parole se libère. Tous les enfants le savent, et les adultes ont bizarrement tendance à l'oublier : il y a un monstre dans le placard. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Comme Will, le gamin contaminé dans Stranger Things, chaque soir avant de me coucher, je devais affronter toute une palanquée de croque-mitaines, gargouilles et autres goules qui ne rêvaient que d'une chose : franchir la frontière entre leur upside down froid et glauque et ma chambre douillette pour nous dévorer, mon petit frère et moi.

Après avoir ouvert et refermé mon placard à peu près 25 fois (pour les décourager), j’installais tout un tas de fortifications complexes pour boucher les trous et interstices où les créatures auraient pu se faufiler. Mon dernier rempart était une ligne de peluches sur mon lit. Je savais que mes vaillantes soldates donneraient tout pour moi.

Ne riez pas, c'était un vrai combat, ce n'était pas du tout rigolo comme dans Monstres et Cie, un film de propagande financé par les forces obscures. Chaque soir, je combattais contre le mal aux frontières du monde libre tandis que mes parents regardaient la télévision, ne se doutant de rien.

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