Alors que l'Union soviétique s'effondrait, le jeune Alexandre Loukachenko, déjà moustachu et encore chevelu, dernier homme encore debout au milieu des ruines, décidait que le meilleur endroit pour construire le futur de son pays, la Biélorussie, c'était le passé. «Loukachenko a tenu ses promesses, se réjouit Vydcheslav, 77 ans, ouvrier retraité et fidèle soutien du Président. Il a gardé ce qu'il y avait de mieux en URSS, comme les grandes usines, le KGB, les hôpitaux gratuits, et avec lui, le peuple est discipliné, a appris à travailler et file droit, pas comme en URSS !» «Batka», le paternel, comme on le surnomme, a tenu ses promesses. En violant les droits de l'homme, c'est vrai, et en assassinant ses opposants. Mais s'il joue au GI Joe aujourd'hui avec sa kalachnikov et ses menaces, c'est pour protéger son petit peuple.
Il a gardé le décor du passé : la faucille et le marteau sont incrustés sur les façades des bâtiments, les rues Lénine croisent les avenues Karl-Marx, les statues de Félix Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka, sont bien entretenues, et, au musée national, les tableaux de Soutine et de Chagall côtoient d'innombrables portraits de komsomols. L'organisation estudiantine léniniste existe toujours, mais s'appelle l'Union de jeunesse républicaine biélorusse. «Nos profs nous harcèlent pour qu'on y cotise, se plaint Polina, 23 ans. Ils nous promettent que ça facilitera l'entrée à l'université, mais c'est juste pour qu'ils puissent di