Les sondeurs ne manquent jamais de le rappeler : en général, les succès ou les échecs des présidents de la République sur la scène internationale n’ont que des effets négligeables sur leur popularité. Et ils ne disent rien de leur capacité à se faire réélire. S’agissant d’Emmanuel Macron, ils sont moins catégoriques.
Ces dernières semaines, s’agissant de la cote du Président, plusieurs enquêtes ont constaté une évolution positive que les experts sont tentés de mettre sur le compte de ses récentes initiatives diplomatiques, tout particulièrement sa visite le 6 août dans les ruines du port de Beyrouth, encore fumantes de l’explosion de l’avant-veille. Trois semaines plus tôt, à Bruxelles, le président français avait été à la manœuvre pour arracher l’accord du Conseil européen sur un plan de relance de 750 milliards d’euros, financé solidairement par les Vingt-Sept.
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«Fugaces»
Dans le tableau de bord Ifop publié jeudi par Paris Match, la cote d'approbation de l'action du chef de l'Etat progresse d'un point, à 39 %. Tout indique que cette modeste hausse s'explique essentiellement par une forte progression de l'appréciation de son action internationale. «Le président de la République défend-il bien les intérêts de la France ?» 57 % des Français répondent positivement à cette question, soit une progression de 7 points par rapport au tableau de bord de juillet. «C'est une question que l'on pose depuis vingt ans. Il est très rare qu'un gain de popularité se fonde sur ce trait d'image», explique Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.
Ce dernier précise toutefois qu'il n'est pas rare que les initiatives internationales des locataires de l'Elysée, aussi impopulaires soient-ils, soient jugées positivement : «Ce fut le cas de Hollande après l'intervention au Mali ou de Chirac quand il a dit non à la guerre d'Irak.» Mais l'expérience montre, selon Dabi, que ces rebonds «fugaces» ne suffisent pas à redresser la courbe de popularité. Macron ferait-il exception ? Le sondeur reste prudent : il est trop tôt pour le dire. Selon lui, la cote de popularité de Macron «dont on oublie souvent de souligner la remarquable stabilité» tient plus à «la solidité de son socle» qu'à son activité internationale. Mais l'opinion évolue.
Chaque mois, l'Ifop demande aux Français de classer par ordre d'importance les sujets qui ont animé leurs conversations dans les derniers jours. Habituellement en bas du tableau, les questions internationales ont tendance à remonter : au mois d'août, l'explosion de Beyrouth se plaçait ainsi au 4e rang du palmarès des sondés. L'an dernier, les feux en Amazonie s'étaient même retrouvés au premier. «Les Français ont de plus en plus conscience de l'impact des crises», note Frédéric Dabi. Vendredi, un autre sondage BVA pour RTL donnait à Macron 44 % d'opinions positives, soit une hausse de popularité de 5 points par rapport à juillet, son plus haut niveau depuis le début de l'année. Début août, l'institut Elabe pour BFMTV enregistrait, lui aussi, une hausse de la cote de confiance d'Emmanuel Macron de 4 points, à 39 %.
«Point fort»
Outre la nomination de Jean Castex, plutôt bien accueillie, l'action de Macron sur la scène européenne puis au Liban est une explication possible, mais pas encore démontrée. «Au début du quinquennat, son "Make our planet great again" avait fortement structuré son image. Sa capacité à représenter la France reste incontestablement un point fort», note le directeur d'Elabe, Bernard Sananès.
Mais selon lui, cela peut aussi bien se retourner contre le chef de l’Etat. Si la crise sociale devait s’amplifier cet automne, les Français les plus concernés par les sujets franco-français comprendraient mal que le Président dépense tant d’énergie sur la scène internationale.