Matteo Salvini a perdu la bataille de l'Arno. Après avoir raté en janvier la prise de l'Emilie-Romagne, le leader de la Ligue n'a pas réussi hier à emporter la Toscane, l'autre grande région rouge du centre de l'Italie. Selon les premières estimations, sa jeune candidate Susanna Ceccardi obtiendrait 41 % des voix soit sept points de retard sur le président sortant et tête de liste de la coalition de centre-gauche Eugenio Giani.
La coalition de droite confirme toutefois facilement son implantation en Vénétie et en Ligurie. Elle a également ravi une région historiquement de gauche, celle des Marches, dans le centre du pays. Matteo Salvini s’est félicité que «la Ligue et le centre-droit gouverneront à partir de demain 15 régions sur 20».
Reste qu’au bout du compte, un an après la formation du gouvernement de Giuseppe Conte, soutenu par la gauche et le Mouvement 5 étoiles, la majorité peut pousser un soupir de soulagement. L’écroulement redouté n’a pas eu lieu. En conservant la Toscane mais aussi les régions méridionales des Pouilles et de la Campanie, le secrétaire national du Parti démocrate (PD) Nicola Zingaretti qui risquait son fauteuil en cas d’échec sort conforté du scrutin.
La décision de s’allier au niveau national avec le mouvement de Beppe Grillo pour faire barrage à l’extrême droite n’a pas été désavouée par les électeurs. Au contraire, le Parti démocrate sort renforcé par rapport à ses partenaires gouvernementaux. En effet, les 5 étoiles enregistrent un peu partout des revers. Ils n’obtiendraient qu’environ 7 % en Toscane, 10 % dans les Pouilles et 3 % en Vénétie.
Le mouvement populiste peut toutefois se consoler avec le résultat du référendum sur la réduction d’environ un tiers du nombre de parlementaires (de 945 à 600). La réforme voulue par les 5 étoiles a été approuvée par près de 70 % des votants. «C’est un résultat historique, s’est immédiatement félicité l’ancien leader et actuel ministre des affaires étrangères Luigi Di Maio. La politique envoie un signal aux citoyens. Tout cela n’aura jamais eu lieu sans le Mouvement 5 étoiles.»
Pour le gouvernement de Giuseppe Conte, lequel a été délibérément très discret durant la campagne, le résultat de ces élections régionales partielles est un soulagement. L’opposition de droite ne semble pas en mesure d’obtenir des élections législatives anticipées.
Surtout le scrutin d’hier sonne comme un nouveau coup d’arrêt pour Matteo Salvini. La Ligue reste la première formation d’Italie mais la stratégie du «Capitaine» de transformer le parti originellement fédéraliste en une force nationale sur le modèle du RN de Marine Le Pen montre ses limites.
Après avoir obtenu de très bons scores dans les régions méridionales du Mezzogiorno lors des dernières Européennes, la Ligue recule aujourd’hui dans le sud du pays. Et le plébiscite obtenu par le président sortant de Vénétie, Luca Zaia, pourrait être une épine dans le pied de l’ancien ministre de l’Intérieur. Partisan d’une Ligue plus modérée, autonomiste et enracinée dans le nord du pays, celui-ci a été réélu avec près de 75 % des voix.