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Libération
Reportage

En Australie, les universités sous emprise de la Chine ?

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La volonté de contrôle de Pékin et la manne apportée par les quelque 260 000 étudiants chinois présents en Australie pèse sur l’indépendance des facs du pays. Canberra a annoncé une enquête parlementaire.
Des étudiantes chinoises à Sydney en juillet. (Photo Loren Elliott. Reuters)
par Valentine Sabouraud, correspondante à Melbourne
publié le 23 septembre 2020 à 20h06

Un étudiant expulsé pour son activisme prodémocratie. Une conférencière censurée. L'université nationale piratée. L'enseignement supérieur en Australie est secoué depuis plusieurs mois par une série d'affaires révélatrices de l'influence de la Chine sur les campus et des relations qui se dégradent entre Pékin et Canberra. Fin août, le gouvernement de Scott Morrison a finalement décidé d'y regarder de plus près et annoncé une enquête parlementaire sur les interférences étrangères dans ses universités. La décision, qui s'inscrit donc dans un climat de crispation grandissante entre les deux voisins, risque toutefois d'être lourde de conséquences, tant économiques que politiques.

Avec son visage poupin, ses épais cheveux bruns et son regard franc, Drew Pavlou est devenu une figure emblématique de l'activisme étudiant. A 20 ans, il a notamment organisé des manifestations en faveur de Hongkong à l'université du Queensland (UQ) en juillet 2019, subissant la fureur d'étudiants nationalistes. Menacé de mort, il a, dans la foulée, été expulsé de UQ au terme d'un procès disciplinaire qu'il conteste en justice. «Pour moi, cette enquête est une victoire, s'enthousiasme-t-il, relevant le désir affiché du gouvernement de défendre la liberté d'expression. On ne me fera pas taire, je veux pouvoir continuer à parler des Ouïghours ou de Hongkong, surtout au