Essayez d’être près du hublot. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir la ville d’en haut. En arrivant par le nord, vous verrez le tracé presque rectiligne de la Corniche d’où montent les jardins de l’université américaine et de nouvelles constructions luxueuses. Entre deux tours subsiste bien quelque squelette d’un immeuble inachevé ou endommagé par les combats, mais vous ne pouvez pas vraiment le voir ; et puis le regard est vite attiré par cette grande dalle de béton, un remblai gagné sur la mer. Extension de la ville comme du périmètre d’action de Solidere (Société libanaise pour le développement et la reconstruction du centre-ville de Beyrouth), cette réserve foncière n’abrite que quelques structures liées à l’événementiel et aux loisirs.
Derrière s’ouvre le port, épicentre de la tragédie du 4 août. La double explosion du hangar numéro 12, où étaient stockées 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, a fait disparaître une portion du littoral et les entrepôts environnants. Si l’onde de choc a été ressentie jusqu’à 200 kilomètres, vous êtes trop loin pour évaluer depuis les airs les dégâts causés dans les quartiers populaires de la Quarantaine et de Bourj Hammoud, pour compter les bars, restaurants et bâtiments historiques endommagés à Mar Mikhaël et à Gemmayzé, ou les cinq hôpitaux les plus touchés. Votre trajectoire se poursuit jusqu’à Ramlet al-Baïda, où la côte rocheuse, la promenade, les routes et les plages privées se donnent à voir avec une étrang