Attribuer le Nobel de la paix au Programme alimentaire mondial (PAM) est un choix audacieux, lucide, et intelligent. Pour au moins trois raisons.
1/ Il rappelle que, bien que nous produisons suffisamment de nourriture pour alimenter 12 milliards d'habitants, mais qu'une partie est gaspillée ou destinée à l'alimentation animale, la faim dans le monde est l'un des premières menaces contre la paix sur la planète. Car la faim est une «arme de guerre», a justement dit la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen. Et qu'alors que le mot «insécurité» tétanise bien des démocraties occidentales, celui «d'insécurité alimentaire» frappe près de 700 millions de personnes dans le monde, y compris dans les pays riches. Il vient prévenir que la grande récession liée au Covid-19 pourrait pousser l'an prochain 130 millions de personnes dans la faim. Il récompense aussi, pour la douzième fois, une agence de l'ONU, cette création salutaire post-Seconde Guerre mondiale, trop souvent taxée d'impuissance dans les salons diplomatiques, mais plus que jamais indispensable pour lutter contre la pauvreté, les inégalités, le changement climatique, dont sont victimes les plus vulnérables. Il pose incidemment l'urgence de sanctuariser financièrement ses missions : si, comme le préconise le président d'Action contre la faim, Pierre Micheletti, chaque pays à revenus élevés y contribuait à hauteur de 0,03% de son revenu national brut, la plupart des défis humanitaires seraie