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Interview

Pierre Micheletti : «L’humanitaire est un outil de soft power pour les pays donateurs»

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Le président d’Action contre la faim, Pierre Micheletti, souligne les effets du monopole occidental dans les dons au Programme alimentaire mondial.
publié le 9 octobre 2020 à 20h36

Président d'Action contre la faim, Pierre Micheletti, vient de publier 0,03 % ! Pour une transformation du mouvement humanitaire international (1).

Que signifie l’attribution du Nobel de la paix à une agence de l’ONU à l’heure où le multilatéralisme est malmené ?

C’est une reconnaissance du travail de qualité. Une manière, aussi, de rappeler le rôle primordial du Programme alimentaire mondial et de son aide aux millions de personnes qui souffrent de sous-nutrition, mais aussi à celles qui risquent de devenir vulnérables à cause de la pandémie de Covid-19.

Comment évolue la géopolitique de la faim ?

Le seuil des 800 millions d’individus touchés a été franchi avant même le début de la crise sanitaire. La faim se nourrit de trois mécanismes, parfois imbriqués. D’abord, la guerre déstructure la production agricole et malmène les transports des denrées. Ensuite, le changement climatique entraîne une diminution des rendements agricoles, en particulier en Afrique, confrontée à une forte augmentation démographique et à une urbanisation rapide, qui induit de nouveaux comportements alimentaires. Enfin, la mal-gouvernance conduit certains pays à privilégier certaines cultures agricoles d’exportation, comme l’huile de palme et le soja, qui n’ont eu aucune utilité pour la subsistance quotidienne des familles lorsque le Covid-19 a paralysé la main-d’œuvre et fait s’effondrer la demande.

Les financements sont-ils à la hauteur ?

Les appels annuels de l’ONU, censés dresser un état des lieux des besoins prévisibles chaque année, sont déficitaires à hauteur de 40 %, ce qui a inévitablement des conséquences sur le PAM. L’aide humanitaire repose par ailleurs sur un système de contributi