Des images tremblantes, en noir et blanc, montrent des corps traînés, brûlés et mutilés. Des morts défigurés qu'on pend aux arbres, pour continuer à les frapper. Une vidéo inédite du massacre oublié des étudiants de l'université de Thammasat, le 6 octobre 1976, a refait récemment surface. Ce jour-là, ils s'étaient rassemblés pour protester contre le retour du dictateur militaire Thanom Kittikachorn. Etiquetés comme communistes et antiroyalistes, entre 50 et 500 d'entre eux tombèrent sous les balles de la police, leurs cadavres livrés à la rage d'une foule d'ultraroyalistes chauffés à blanc. Quelques heures auparavant, un bonze respecté avait assuré que «tuer un communiste n'était pas un péché». Un épais silence a recouvert l'événement, les identités des morts ne furent jamais connues, les auteurs de la tuerie jamais inquiétés.
La blessure ne s’est toujours pas refermée. Alors que la nouvelle génération d’étudiants thaïlandais appelle à nouveau à manifester ce mercredi, la parole autour de ces événements commence à peine à se libérer. Les organisateurs espèrent cette fois rassembler jusqu’à 100 000 personnes et appellent les employés à la grève.
Comme leurs aînés, auxquels ils font souvent référence, ils demandent le départ d'un