Assis à l'étage d'un café sur Istiklal, l'avenue piétonne iconique du centre d'Istanbul, Murad Mihçi parle à voix basse, et surveille furtivement les alentours. «J'ai rarement vu une période aussi violente», souffle cet Arménien, l'un des 60 000 qui vivent en Turquie. «Depuis que la guerre a recommencé, je reçois des menaces de mort pour mes posts sur Twitter.» Le soutien total d'Ankara à l'Azerbaïdjan aux prises depuis quinze jours avec les forces arméniennes qui contrôlent le Haut-Karabakh, est l'occasion d'une flambée de discours nationalistes en Turquie. Et les Arméniens turcs sont en première ligne.
«Rhétorique nationaliste»
«Nous sommes inquiets, inquiets, inquiets», martèle Yetvart Danzikyan, le rédacteur en chef du journal bilingue turc-arménien Agos. Il s'alarme d'un retour aux années sombres pour sa communauté. «Quand la rhétorique nationaliste se déchaîne, il y a généralement des incidents», rappelle-t-il. Les locaux du journal, désertés pour cause de pandémie, sont protégés. Dehors, quelques policiers surveillent les environs.