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reportage

Dans un quartier général d’Alexeï Navalny : «Maintenant c’est sûr, mon téléphone est sur écoute»

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A Tver, à 200 kilomètres de Moscou, les partisans du principal opposant au président russe, Vladimir Poutine, sont victimes de harcèlement policier et de menaces.
Andreï, soutien de Navalny, discute avec des citoyens locaux à Tver, le 26 septembre. (Photo Nigina Beroeva pour Libération)
par Lucien Jacques et Nigina Beroeva
publié le 20 octobre 2020 à 16h32
(mis à jour le 20 octobre 2020 à 17h12)

«Vous voyez ce poteau, juste-là ?» Andreï tend le bras vers l’un des réverbères en fer forgé qui bordent la petite rue piétonne. «C’est là que je me suis fait embarquer par la police pour la première fois.»

- C'était pas au réverbère là-bas ? le reprend Pavel.

- Mais non ! Ça, c’était la deuxième fois.»

L'échange fait rire les deux jeunes hommes. Nous sommes dans le centre-ville de Tver, à un peu moins de 200 kilomètres au nord-ouest de Moscou. Andreï Proskoudine a 30 ans, il est le «coordinateur» de l'état-major local d'Alexeï Navalny ; Pavel Kouzmine a 27 ans, il est le second permanent de l'équipe.

Andreï, militant pro-Navalny, à Tver.

 Photo Nigina Beroeva pour Libération

«L’état-major de Navalny à Tver» fait partie d’un réseau de 39 représentations, dans les plus grandes villes de Russie, de l’opposant à Vladimir Poutine. Comme lui, leur activité est un mélange de lutte anticorruption et d’activisme politique : parallèlement aux grandes enquêtes, organisées depuis Moscou et dénonçant les turpitudes des hauts fonctionnaires et oligarques russes, les bureaux régionaux s’intéressent à la maison luxueuse du maire de la ville, aux compromissions des autorités locales avec des entreprises de travaux publics, aux affaires de corruption au sein du conseil municipal… Ils mènent aussi une activité politique plus classique, à base de participation aux élections locales, de distribution de tracts et de rencon