Des rues bloquées, des Omon en rangs serrés (forces antiémeute), Internet coupé. Pas un bruit, pas une pancarte, pas une voiture, seulement des promeneurs du dimanche, qui convergent par centaines vers le centre historique de Minsk, Nemiga. Tout à coup, des «vive la Biélorussie !» éclatent, la foule joyeuse agite des drapeaux blanc-rouge-blanc de la Biélorussie indépendante, sortis d’on ne sait où, et appelle à la grève générale, scandant des «ultimatum !».
Ce onzième dimanche de manifestation depuis l’élection présidentielle truquée du 9 août est un peu spécial : l’ultimatum de la cheffe de file de l’opposition, Svetlana Tikhanovskaïa - la démission ou la grève générale - arrive à expiration. Des quasi-vétérans et des primo-manifestants, des petits jeunes, des petits vieux, et même quelques militaires en uniforme, galvanisés par cet appel au rassemblement… La foule était la plus dense observée depuis le mois d’août, avec plus de 100 000 personnes. Pendant plusieurs heures, les Biélorusses ont renoué avec la bonne humeur des cortèges du début de la révolution, avant qu’à la nuit tombée, les forces de police, qui ont sillonné la capitale toute la journée dans des véhicules militaires, ne les dispersent à coups de grenades et de balles de caoutchouc.
«Je viens tous les dimanches pour reprendre des forces et retrouver la motivation de poursuivre le mouvement, raconte Vladislav, 20 ans, qui participe aussi aux manifestations étudiantes.