A force de marteler cette histoire, ne finiront-ils pas par y croire ? Abdelmadjid Tebboune, le président de la République, répète inlassablement le même refrain : le mouvement de contestation qui a chassé Bouteflika est «béni», le sursaut du peuple a sauvé le pays des griffes d'un clan prédateur, son élection a enfin permis de tourner la page d'un régime corrompu, la révolution est désormais achevée et, pour preuve, voici qu'il s'apprête à «honorer un engagement fondamental» : réviser la Constitution. Le référendum, prévu dimanche - le 1er novembre, jour anniversaire de l'indépendance - sera donc la consécration de cette «Algérie nouvelle» que chacun appelle de ses vœux. S'y opposer, c'est se ranger dans la catégorie, dangereuse, des «contre-révolutionnaires».
Le peuple algérien a malheureusement une longue expérience des histoires racontées par le pouvoir. Depuis l'indépendance, il a appris à s'en méfier, s'en détacher et, surtout, à s'en moquer. Dix mois de présidence Tebboune ont suffi à dissiper l'illusion des débuts. Le chef de l'Etat peut difficilement prétendre à l'étiquette de grand démocrate. Ni même à celle, plus modeste, d'homme de la transition. Les arrestations de militants, de journalistes et même de simples manifestants n'ont pas cessé depuis son élection, en décembre 2019. Les poursuites judiciaires ont même redoublé, à l'image de celles visant Khaled Drareni, fondateur du site Casbah Tribune et correspo