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Libération
Liberté sexuelle

Au Japon, dure bataille autour de la pilule du lendemain

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Face au coût, aux difficultés pour se la procurer et à une détresse croissante de femmes enceintes dans un archipel paternaliste, une pétition demande une meilleure délivrance du médicament. Le gouvernement se dit «prêt à étudier une vente en pharmacie» sous conditions.
La pilule du lendemain est disponible au Japon depuis 2011, mais n’y est délivrée qu'avec ordonnance. (MYCHELE DANIAU/Photo Mychele Daniau. AFP)
par Karyn Nishimura, correspondante à Tokyo
publié le 29 octobre 2020 à 16h21

S. a tout juste 20 ans, l'âge de la majorité au Japon. C'est une jeune femme inquiète. Après un rapport sexuel avec son copain, elle redoute un «échec de contraception», écrit-elle dans un message Twitter. «J'ai trop peur d'être enceinte, je ne peux pas dormir, j'ai mal au ventre, je n'ai pas faim. Ce serait différent si lui et moi n'étions pas étudiants, mais salariés. Là, financièrement c'est impossible. Et je crains trop la consultation gynécologique, dans la salle d'attente, moi, si jeune, tout le monde va me regarder.»

Ce genre de témoignage est fréquent, assure la gynécologue Sakiko Emmi, qui travaille notamment auprès de l'université de Tsukuba. «Un échec de contraception, ça arrive. Ce ne serait pas si traumatisant si la pilule du lendemain était en vente libre dans les pharmacies», insiste cette spécialiste. Contraceptif d'urgence qui permet d'éviter une grossesse à condition d'être absorbé rapidement après un rapport sexuel potentiellement fécondant, la pilule du lendemain est certes disponible au Japon depuis 2011, mais n'y est délivrée que sous condition de consultation nominative et avec ordonnance, sans prise en charge par l'assurance maladie.

Dans un pays où la contraception repose sur le seul prés