Un troisième mandat qui démarre dans la controverse. Elu en 2010, réélu en 2015, le président ivoirien Alassane Ouattara, 78 ans, a été une nouvelle fois plébiscité sur le score fleuve de 94,27% des voix au premier tour, l’opposition ayant boycotté le scrutin, selon les résultats proclamés par la Commission électorale indépendante (CEI) mardi à l’aube. «Est donc élu président de la République M. Alassane Ouattara», pour un nouveau mandat de cinq ans, a déclaré le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, après avoir lu les scores.
Initialement, Alassane Ouattara devait passer la main à son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, afin de «transférer le pouvoir à une jeune génération». Mais le décès soudain de ce dernier début juillet a entraîné une «situation exceptionnelle» qui, selon le chef de l'Etat, «nécessitait une situation d'urgence». Sa remise en selle en août pour un troisième mandat a longuement été qualifiée d'anticonstitutionnelle du côté de l'opposition.
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La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels a été remis à zéro. Ce que l’opposition conteste.
Craintes de violences
Ce mardi, Alassane Ouattara a recueilli 3 031 483 voix sur un total de 3 215 909 suffrages exprimés à ce scrutin marqué par des violences. Sur les 22 381 bureaux de vote, 17 601 ont pu ouvrir, le nombre d’inscrits pouvant voter est donc passé de 7 495 082 à 6 066 441 inscrits. Des militants de l’opposition ont saccagé ou empêché l’ouverture de bureaux. Au final, le taux de participation s'élève à 53,90%.
Selon les scores annoncés par la CEI, le candidat indépendant Kouadio Konan Bertin arrive en deuxième position avec 1,99% des voix (64 011 votes). Les deux autres candidats avaient appelé au boycott mais ont tout de même reçu des suffrages. Il s’agit de l’ancien président Henri Konan Bédié, qui termine troisième avec 1,66% (53 330 voix) et de l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, quatrième avec 0,99% (31 986 voix). La CEI a trois jours pour transmettre ces résultats au Conseil constitutionnel, qui a sept jours pour les valider.
Un peu plus tôt lundi, l'opposition a annoncé qu'elle avait créé un «Conseil national de transition […] présidé par M. Bédié» dans le but de former un «gouvernement de transition».
La crainte d’une escalade des violences est forte dans ce pays d’Afrique de l’ouest, dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts. A l’heure actuelle, au mois 9 personnes sont mortes lors des violences lors du scrutin ou dans son sillage.
Avant l’élection, une trentaine de personnes étaient mortes dans des troubles et des violences intercommunautaires depuis le mois d’août et l’annonce de la candidature d’Alassane Ouattara.