C'est la très professionnelle newsletter World Architects qui nous l'a signalé : le 25 octobre, le compte Twitter de la Donald J. Trump Presidential Library annonçait le lancement, dans les prochains jours, du site djtrumplibrary.com. Pendant quelques secondes, on a pu croire à un truc sérieux. Mais pas longtemps. L'initiative, disait le tweet, est destinée à établir une bonne fois pour toutes «pourquoi @realDonaldTrump a besoin de 4 ans de plus (au moins) pour contrecarrer l'agenda libéral radical de @JoeBiden».
We are launching https://t.co/YNf2Gooeiv in the next couple of days as a closing argument for why @realDonaldTrump needs to get 4 more years (at least) to counteract the radical liberal agenda of @JoeBiden.
— Donald J. Trump Presidential Anti-Library (@DJTrumpLibrary) October 25, 2020
Looking forward to sharing the team's work in the coming days.#MAGA pic.twitter.com/tXAmVZDDfZ
Un tweet railleur de plus ? Non, beaucoup mieux que ça. Le site a bel et bien été monté, avec ses images 3D et le programme intégral d'un gros équipement culturel, hôtel et restauant compris. Entrons donc.
Notre directJour d'élection aux Etats-Unis
Après le «Memorial du Covid», voici le «Mur de la criminalité», chronique de la «croisade» de Trump contre les «bad hombres», «dealers, criminels et violeurs qui essaient d'entrer dans notre pays». Suivent la «Galerie de l'évasion fiscale», montrant «les énormes sommes que l'on peut prétendre avoir perdues pour ne pas payer d'impôts» ; celle de Twitter, avec son «Générateur d'insultes de président des Etats-Unis», la «Collection des dictateurs», réactualisée en direct.
S'ajoutent d'intéressantes expériences interactives. On apprend à mentir à l'Amérique ou à mener un interrogatoire avec une vraie milice blanche. Bien aussi, la salle sur Trump bâtisseur contenant les maquettes de tous «les immeubles qu'il ne possède pas mais sur lesquels il a réussi à mettre son nom». Et terminer par l'«Auditorium de l'alt-right», pour voir Birth of a Nation avec deux tickets pour le prix d'un pendant les «mercredis de la suprématie blanche». Le site est bourré de détails rigolos, jusqu'au menu du restaurant avec son «sandwich javel, pain merveilleusement blanc, poulet blanc, "fromage" américain blanc».
Fait fascinant et déprimant à la fois, cette parodie est truffée d'information. Pour chaque espace, «l'analyse du curateur» explique les faits bien réels derrière l'ironie et pour terminer le travail, le site offre des liens vers des sources fiables. Mais quand même, quel boulot…
On ignore qui sont les auteurs de cette idée, tout juste concèdent-ils que leur agence d'architecture est localisée dans «la juridiction anarchiste de New York City», qu'ils ont élargi leur équipe à des designers, des écrivains et des «fauteurs de trouble». Ils se disent juste «épuisés par la tourmente, l'iniquité, l'hypocrisie et la désespérance générales causées par l'administration Trump».