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Ethiopie : la guerre au Tigré déborde en Erythrée

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Libé Afriquedossier
Les forces du Front de libération des Peuples du Tigré, dans le nord de l’Ethiopie, ont frappé dimanche le pays voisin. Une escalade qui fait craindre de nouveaux combats, des massacres et une crise humanitaire dans la Corne de l’Afrique.
Une réfugiée éthiopienne à Hamdyat, dans la province de Kassala, au Soudan, samedi. (EBRAHIM HAMID/Photo Ebrahim Hamid. AFP)
publié le 15 novembre 2020 à 19h16

Une escalade durant le week-end du conflit en Ethiopie menace de déstabiliser toute la Corne de l’Afrique et de provoquer une crise humanitaire majeure. Les bombardements qui ont visé samedi la ville d’Asmara, en Erythrée, marquent un débordement de la guerre inter-éthiopienne déclenchée le 4 novembre par le pouvoir central d’Addis-Abeba contre les autorités locales de la région dissidente du Tigré, dans le nord du pays.

Les forces du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF) qui contrôlent la province justifient leurs frappes en affirmant que l’armée éthiopienne utilisait le territoire érythréen pour les attaquer. Il s’agit en tout cas d’un retournement d’alliances entamées par le Premier ministre, Abiy Ahmed, lauréat 2019 du prix Nobel de la paix pour avoir réconcilié l’Ethiopie avec l’Erythrée après des années de guerre et de tension. Les deux pays se retrouvent aujourd’hui du même côté aujourd’hui face au TPLF qui a dominé durant presque trente ans l’appareil politique et sécuritaire éthiopien et que Abiy a écarté du pouvoir.

Les combats dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique ont déjà fait des centaines de morts et poussé des dizaines de milliers de civils à fuir vers le Soudan voisin. Les premiers témoignages de réfugiés du Tigré ont été recueillis par des correspondants de presse sur place alors que les médias indépendants sont absents du terrain embrasé.

«Nous avons été bombardés par l'artillerie à travers la frontière érythréenne», a raconté une réfugiée de 22 ans venant du Tigré, à l'agence Reuters dans la ville de Hamdyat, au sud du Soudan. «J'ai vu des gens mourir dans les rues», a ajouté la jeune femme. «Nous avons faim et surtout peur d'être tué», a indiqu