Il ne se passe pas un jour, en Turquie, sans que le président Erdogan et ses alliés ultranationalistes ne brocardent les ennemis de la nation. A les entendre, le pays est assailli de toutes parts. Le chef de l'Etat le rappelait encore le 10 novembre : «C'est parce qu'elle a repris le combat de l'indépendance, comme il y a un siècle, de manière plus forte, que la Turquie est assiégée de manière aussi profonde et lâche.» Pour se défendre, tous les moyens sont donc bons. Quitte à faire revenir au cœur du pouvoir des personnalités d'extrême droite et à mobiliser une rhétorique nationaliste qui a de quoi inquiéter les pays voisins.
Une image résume cette alliance. Début octobre, un homme d'affaires controversé et proche du pouvoir, Üzeyir Çakmaktas, publiait une photo de quatre hommes accompagnée de la légende : «Les héros qui combattent toutes les difficultés […] pour que notre Etat existe pour toujours.» Y figurent deux généraux à la retraite, impliqués dans des affaires d'exécutions extrajudiciaires, Alaattin Çakici, un puissant parrain de la mafia, et Mehmet Agar, un ancien ministre de l'Intérieur. Ce dernier a joué un rôle clé dans la sale guerre menée contre la guérilla kurde du PKK. Il avait été forcé de démissionner en 1996 après le «scandale de Susurluk». A l'époque, la police avait retrouvé les corps d'un député, du chef adjoint de la police d'Istanbul et d'un mafieux dans la même voiture accidentée. L'affaire avait révélé les liens entre politiques, ma