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Reportage

Afghanistan : «Depuis que les insurgés ont gagné, les voisins ont peur qu’on se venge»

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La libération de 5 000 prisonniers talibans, condition des négociations en cours, suscite la méfiance dans les villages où ils sont de retour. Les motivations des ex-détenus sont souvent troubles.
A Kaboul, le commandant Omar (nom d’emprunt), un taliban actif dans les régions de Logar, Wardak et Kaboul. (Photo Sandra Calligaro pour Libération)
publié le 19 novembre 2020 à 20h31

Quand il a quitté il y a presque deux mois la tristement célèbre prison de Pul-i-Charki, mastodonte de béton planté sur une plaine désolée à l'est de Kaboul, Tamim Ahmed «s'est rasé la barbe» et a coiffé sa tignasse bouclée «avec du gel». Une coquetterie jugée hérétique par les talibans, qui l'enrôlèrent à ses 17 ans, mais dont l'objectif a habité ses douze années de détention : retrouver sa fiancée de jeunesse et organiser la noce «avec des boissons énergisantes et du riz à la viande». La promise habite toujours le village natal de l'ancien prisonnier, Kolo Sayda, hameau couleur sable planté sur les hauteurs de Paghman, un district proche de Kaboul où les talibans étendent leur influence.

Tamim ne s'épanche pas sur ses anciennes responsabilités au sein des insurgés. Il assure qu'il n'était qu'«un simple logisticien», malgré ses deux années de formation à Arghandab, près de Kandahar, et sa condamnation très longue, dix-sept années de détention, dont la première passée à l'isolement total. C'est en acheminant un chargement «de téléphones, de cartes Sim et de bottes» vers une unité combattante du Loghar, autre province voisine de Kaboul, qu'il se serait fait prendre. Il dit n'avoir jamais rencontré son avocat.

Mais depuis son retour au village, bien que célébr