Alberto Curamil, 42 ans, observe avec fierté le champ d'avoine qui s'étale à flanc de colline, juste à côté de sa maison. De jeunes pousses vertes d'une vingtaine de centimètres de haut, entourées de hêtre austral et de chênes endémiques du sud du Chili. «On nous traite d'alcooliques, de paresseux. On dit que, quand l'Etat nous rend nos terres, on ne les exploite pas, mais voici devant vous le résultat de nos efforts», lance-t-il. Quelques porcelets en liberté paissent en bordure de champ. En contrebas, une soixantaine de veaux et de vaches goûtent l'herbe du printemps chilien. Le chef mapuche Alberto Curamil s'est installé ici, à Radalco, en 2007, avec plusieurs autres familles. A l'époque, l'Etat chilien leur a remis environ 10 hectares par famille dans la commune de Curacautín, à 800 km au sud de Santiago.
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«Nos conditions de vie se sont améliorées depuis que nous sommes ici», explique Alberto Curamil en allumant une cigarette. Il a grandi dans cette même région de l'Araucanie, la plus pauvre du Chili. «Nous vivions entassés, se souvient-il. J'ai dû commencer à travailler dans des fermes alors que j'étais encore enfant. Nous n'avions pas de quoi vivre dignement.» Au Chili, près de 10 % de la