Nichée parmi les pins à flanc d’une colline baptisée mont du Souvenir, c’est une des terres les plus sacrées de Jérusalem, qui n’en manque pourtant pas. En dehors des temps pandémiques, Yad Vashem – le mémorial de la Shoah israélien – est l’un des sites les plus visités du pays, du simple touriste au chef d’Etat de passage.
Il est conçu comme à la fois le cerveau du peuple juif – où sont gravés les noms des victimes et honorés ceux des Justes, où sont étudiées l'incommensurable tragédie et les façons d'éviter qu'elle se reproduise – et le cœur moral de l'Etat hébreu, le lieu du «plus jamais ça» et du «pourquoi Israël», sans point d'interrogation, cher à Claude Lanzmann.
Haut lieu de recherche universitaire et mausolée géant à la plus grande tragédie du XXe siècle, Yad Vashem s'est toujours voulu, depuis sa création en 1953, au-dessus des polémiques et de la politique, arbitre inattaquable de toutes les controverses touchant à l'Holocauste, des détournements obscènes aux tentatives négationnistes. Ce lieu si sensible et si consensuel, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a pourtant décidé d'en faire le dernier terrain de bataille des guerres culturelles israéliennes, en poussant une sulfureuse nomination à sa tête.
Litanie de propos racistes
Il y a quatre mois, pour remplacer Avner Shalev, le directeur sort