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Libération
CHRONIQUE «TERRES PROMISES»

A Jérusalem, le mémorial de la Shoah bientôt aux mains d’un ultranationaliste ?

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Chaque mardi, instantanés d’Israël et de Palestine, à la découverte des bulles géographiques et mentales d’un territoire aussi petit que disputé. Aujourd’hui, Yad Vashem, dernier terrain de bataille des guerres culturelles israéliennes depuis la proposition gouvernementale de nommer un sulfureux politicien antipalestinien à sa tête.
Dans Yad Vashem à Jérusalem, le 20 avril. (RONEN ZVULUN/Photo Ronen Zvulun. Reuters)
publié le 1er décembre 2020 à 13h24

Nichée parmi les pins à flanc d’une colline baptisée mont du Souvenir, c’est une des terres les plus sacrées de Jérusalem, qui n’en manque pourtant pas. En dehors des temps pandémiques, Yad Vashem – le mémorial de la Shoah israélien – est l’un des sites les plus visités du pays, du simple touriste au chef d’Etat de passage.

Il est conçu comme à la fois le cerveau du peuple juif – où sont gravés les noms des victimes et honorés ceux des Justes, où sont étudiées l'incommensurable tragédie et les façons d'éviter qu'elle se reproduise – et le cœur moral de l'Etat hébreu, le lieu du «plus jamais ça» et du «pourquoi Israël», sans point d'interrogation, cher à Claude Lanzmann.

Haut lieu de recherche universitaire et mausolée géant à la plus grande tragédie du XXe siècle, Yad Vashem s'est toujours voulu, depuis sa création en 1953, au-dessus des polémiques et de la politique, arbitre inattaquable de toutes les controverses touchant à l'Holocauste, des détournements obscènes aux tentatives négationnistes. Ce lieu si sensible et si consensuel, le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a pourtant décidé d'en faire le dernier terrain de bataille des guerres culturelles israéliennes, en poussant une sulfureuse nomination à sa tête.

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