Tous les dimanches soir, c’est le même rituel. Des centaines d’habitants de Boy-Rabe délaissent un instant les bars, les grilles de paris de foot ou toute autre occupation pour se masser à l’entrée du quartier. Le cortège présidentiel approche. Ici, on connaît son planning. Quand il arrive, c’est la cohue : les femmes dansent, les hommes exultent. Et au passage des SUV, se détachent peu à peu des grappes de dizaines de personnes satisfaites, certaines brandissant une enveloppe blanche comme trophée. Le Président rentre chez lui.
Boy-Rabe est le fief de Faustin-Archange Touadéra. La principale voie d'accès de cet immense quartier Nord de Bangui, situé sur la colline, est décorée de banderoles à l'effigie du Président, aux couleurs bleu et blanc du Mouvement des cœurs unis (MCU), le parti majoritaire. «Touadéra doit rester», «Touadéra mon berger», «Touadéra mon président», répètent-elles.
Le président de Centrafrique Faustin-Archange Touadéra, à Bangui, le 6 février 2020.
Photo Gaël Grilhot. AFP
Mais Boy-Rabe est aussi l’un des fiefs de l’ancien président déchu, François Bozizé, rentré d’exil en fin d’année dernière. Depuis cette date, la rivalité entre les deux chefs d’Etat écrase la vie politique centrafricaine. Car l’ancien putschiste, ironiquement devenu chef de l’opposition démocratique, caresse l’espoir de retrouver son poste perdu en 2013. A l’approche du scrutin présidentiel du 27 décembre, la tension est à son comble entre les deux camps. Et l