Et maintenant place aux négociations. «Il n'y a pas vraiment de gagnant, les deux grandes formations sont au coude-à-coude. Tout est désormais une question de rapprochement et de coalition au sein du Parlement et, à ce jeu-là, le PNL semble mieux parti», constate un diplomate en poste à Bucarest. Le Premier ministre roumain, Ludovic Orban, a pourtant revendiqué dès dimanche soir la victoire et annoncé son intention de former un nouveau gouvernement, afin de mettre en place au plus vite la campagne de vaccination contre le Covid-19 et de continuer son programme de réformes économiques.
Pourtant, sa formation politique, le PNL, Parti national libéral, formation de centre droit, devrait arriver deuxième, juste derrière le PSD, Parti social-démocrate, principal héritier du parti communiste qui a tenu le pays d’une main de fer de 1945 à 1989.
Sans majorité au Parlement, l’actuel Premier ministre va effectivement devoir former des alliances, notamment avec l’USR-Plus, Union sauvez la Roumanie, troisième formation politique, qui a gagné Bucarest aux dernières municipales et devrait remporter son meilleur score dans la capitale avec plus de 30% de vote. Résolument pro-européens, ces deux partis devraient maintenir le cap de l’actuelle politique de modernisation du pays, l’un des plus pauvres de l’Union européenne.
La participation la plus basse depuis 1989
Le principal perdant, malgré sa victoire, c'est le PSD, en pleine restructuration et encore victime des derniers scandales qui ont terni son image, avec l'arrestation en 2019 de son président, Liviu Dragnea, pour abus de pouvoir.
Dimanche, certains bureaux de vote sont restés désespérément vides. Et le temps a semblé long aux assesseurs, dont certains se sont à moitié endormis sur leur chaise face au manque d'affluence. Avec 32% de participation seulement, le plus bas niveau depuis la chute de la dictature communiste en 1989. «La faute à la pandémie», affirmait en sortant un électeur emmitouflé dans un long manteau d'hiver.
Avec des taux records de diffusion du virus et des hôpitaux au bord de l’implosion, les Roumains, prudents, ont préféré s’abstenir. Pourtant, l’enjeu de ce scrutin était bien la gestion de la crise du Covid-19 et la catastrophe sanitaire dans laquelle se trouvent les services de santé du pays, très peu modernisés ces trente dernières années.
Les services de réanimation saturés
Depuis mars, plus de 500 000 cas de Covid ont été confirmés et 12 000 personnes en sont mortes. Les lits de réanimation sont au bord de la saturation. La campagne électorale aura d’ailleurs essentiellement porté sur la gestion de la crise et ses prolongements économiques.
La grande question que beaucoup se posent au lendemain du scrutin : les autorités roumaines vont-elles imposer un nouveau confinement, malgré les dénégations du président de la République, Klaus Iohannis ? Pour beaucoup, ce serait le seul moyen de ramener le taux de Covid à un niveau acceptable, en attendant la campagne de vaccination qui pourrait commencer début 2021 et sera conduite par l’armée.