«Cet hiver, mon père est tombé gravement malade. Je ne parle pas bien français, je me sens très seule à Lyon. Alors malgré les risques, je suis retournée au Xinjiang. Dans l’avion, j’étais terrorisée. Je me préparais à disparaître pour toujours.» Guzel, 24 ans, repousse ses mèches blondes, se concentre sur chaque détail. Parfois, elle sort fumer pour contenir son émotion. «A Pékin, quand le fonctionnaire a vu sur mon passeport chinois que je suis ouïghoure, il a prétexté que son ordinateur était en panne. Trois policiers m’ont emmenée récupérer ma valise. Tout le monde me regardait comme une criminelle, alors que je ne suis qu’une étudiante.» Durant deux heures, ils ont fouillé son téléphone, l’ont bombardée de questions, puis ils l’ont laissée prendre son vol intérieur pour Urumqi, la capitale du Xinjiang où elle est née. «Je n’avais pas prévenu mes parents que j’arrivais ce jour-là, pour ne pas que mon père fasse une crise cardiaque si j’étais arrêtée. Dès que je suis entrée dans la maison, il a tout fermé, éteint la télé, le wi-fi, les téléphones. Quand il a été sûr que personne ne nous écoutait, je lui ai raconté que le monde entier connaissait désormais les Ouïghours, que des joueurs de foot superstars nous soutenaient. Il a pleuré d’émotion.»
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