Menu
Libération
Justice

La chasse de Moscou aux «agents de l’étranger»

Article réservé aux abonnés
Depuis le 25 décembre, les autorités russes nomment et poursuivent ceux qui sont d’«humeur opposante». Une dénomination qui parachève la criminalisation de toute activité critique du pouvoir de Poutine.
Dans le centre de Moscou le 17 décembre. (YURI KADOBNOV/Photo Yuri Kadobnov.AFP)
publié le 31 décembre 2020 à 15h36

Quel est le point commun entre l'activiste Lev Ponomarev, les journalistes Lioudmila Savitskaïa, Sergueï Markelov et Denis Kamaliaguine et l'artiste féministe Daria Apakhontchitch ? Jusqu'à récemment, pas grand-chose, sinon, peut-être, une antipathie certaine pour le pouvoir en place, une idéologie progressiste partagée, l'appartenance à une intelligentsia urbaine un peu dissidente : ce que, en russe, on appelle être «oppozitsionno-nastroïenniy», «d'humeur opposante», c'est-à-dire proche de l'opposition.

Depuis le 28 décembre, ils partagent aussi une étiquette bien précise : le titre d'«agent de l'étranger». Ce sont les cinq premiers Russes à recevoir l'honneur d'une loi votée trois jours auparavant, et permettant d'élargir aux individus ce concept, jusqu'alors réservé aux personnes morales et aux organisations.

Dorénavant, tout citoyen russe pratiquant une «activité politique pour les intérêts d'un Etat étranger», une notion laissée à l'appréciation du ministère russe de la Justice, est tenu de s'inscrire spontanément au registre des «agents de l'étranger». Il devra également mentionner ce titre sur toutes ses publications. Ne pas le faire reviendra à s'exposer à une amende, puis, en cas de récidive, à jusqu'à