«Si vous voulez, on vous le fait tout de suite.» L'infirmier laisse planer, à la fin de sa phrase, un de ces silences entendus qui signifient «si vous dites non, je plaisantais ; si vous dites oui, j'étais tout à fait sérieuse». On refuse poliment. A quelques mètres de là, l'entrée principale de la clinique, qui donne sur une rue du centre-ville de Moscou, est désormais barrée, surmontée d'un écriteau annonçant «zone rouge, Covid». Il faut passer par l'arrière-cour, l'accès autrefois réservé aux livraisons, pour accéder à l'aile ouverte au public, où l'on administre Spoutnik V, le vaccin russe contre le coronavirus. Il se trouve, dans la capitale russe, plus d'une centaine de ces centres de vaccination.
Depuis le 5 décembre, sur ordre du président russe, Vladimir Poutine, la campagne de vaccination massive est lancée en Russie, à grand renfort de communication et d’incitation à venir se faire immuniser contre le coronavirus. Son succès est crucial, encore plus pour la Russie qu’ailleurs. Face à une seconde vague particulièrement meurtrière, le pays n’a toujours pas mis en place de reconfinement, même local, ni de restrictions de déplacement.
Pourtant, depuis le 12 décembre, la réalité a rattrapé les autorités. Ce jour-là, l’institut de statistiques Rosstat publiait ses données sur la surmortalité observée en Russie en 2020 et attribuable au coronavirus : plus de 186 000 morts, des chiffres trois fois plus élevés que les statistiques officielles. La Russie est