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interview

«Julian Assange doit être libéré immédiatement»

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Rebecca Vincent, directrice des campagnes de Reporters sans frontières, a vécu de près le procès de Julian Assange. Elle appelle les Etats-Unis à renoncer aux poursuites.
A Londres, lundi. (Photo Henry Nicholls. Reuters)
publié le 4 janvier 2021 à 20h26

A Londres, l’équipe de Reporters sans frontières se bat depuis février pour que le fondateur de WikiLeaks ne soit pas extradé vers les Etats-Unis, où il risque 175 ans de prison. Rebecca Vincent, directrice des campagnes internationales de l’ONG, revient sur ces semaines harassantes, où son travail a été sans cesse remis en question.

Quelle a été votre première réaction à l’annonce du verdict ?

Tout d’abord, du soulagement pour Julian Assange, qui ne va pas être extradé vers les Etats-Unis. Ce fut une surprise, au vu de la nature politique du procès et de nos difficultés à avoir accès à l’enceinte du tribunal. Nous avons craint le pire. Nous sommes d’accord avec l’appréciation du juge, selon laquelle il souffre d’un problème psychiatrique. C’est pour cela que nous avons déclaré que son extradition était une question de vie ou de mort. Cependant, pour le reste du jugement, nous sommes très préoccupés. Il semble clair que si la question de la santé mentale n’était pas en jeu, Julian Assange aurait été extradé. Cela ouvre un précédent dangereux : les Etats-Unis peuvent s’en prendre à n’importe quel éditeur, journaliste ou source, sur les mêmes bases.

Vous mentionnez des difficultés pour assister au procès. Que s’est-il passé exactement ?

Ce fut le procès le plus compliqué à suivre de ma carrière. Même dans des pays comme la Turquie, qui font peu de cas de la liberté de la presse et de l’Etat de droit, je n’avais jamais eu autant de problèmes. La juge ne reconnaissait pas le travail et le rôle des ONG, et donc refusait de nous accréditer comme observateurs. Elle considérait que nous faisions partie du public. Le seul