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Du 18 brumaire au Capitole, ces parlements symboles d’un pouvoir à renverser

Au fil des tempsdossier
De l’attaque du palais d’hiver par les bolcheviques en novembre 1917 à la tentative des ligues factieuses de prendre d’assaut le Palais Bourbon le 6 février 1934, les opposants ont régulièrement ciblé ce qu’ils considèrent comme un simulacre de démocratie.
(Photo Reuters )
publié le 7 janvier 2021 à 21h21

Dans la lutte entre défenseurs de la liberté et de la démocratie, c’est-à-dire les défenseurs de l’Etat parlementaire, l’Assemblée, siège de la souveraineté populaire, devient un symbole pour tous ceux qui rêvent de renverser le pouvoir en place. Ainsi que l’explique Curzio Malaparte dans son essai Technique du coup d’Etat. Les événements de Washington en sont le dernier exemple en date. Pour les manifestants, le Capitole représente le siège d’une démocratie qu’ils considèrent s’être fait voler. En novembre, une manifestation au Guatemala contre le budget d’austérité du président Giammattei, créateur du parti Vamos ! («En marche») dégénère. Les manifestants investissent le Parlement, le livrant partiellement aux flammes. Ils installent même une guillotine devant le bâtiment. En octobre, même scénario à Bichkek au Kirghizistan où l’opposition conteste le résultat des élections. A Belgrade, en juillet, le Parlement est également pris d’assaut. Auparavant, à Hongkong en juillet 2019, les manifestants forçaient les portes du Parlement, protestant contre les mesures jugées liberticides imposées par Pékin.

Irruption dans les Cortes en 1981

Opposants d’extrême droite ou d’extrême gauche que Malaparte appelle les «catilinaires», du nom de cet homme politique romain qui n’a eu de cesse de conjurer contre le sénat de la République romaine, s’entendent en général pour s’en prendre à ce lieu qu’ils considèrent abriter un simulacre de démocratie. En février 1981, six ans après la mort de Franco, un petit commando de la Guardia civil, mené par le lieutenant-colonel Tejero, fait irruption dans les Cortes, le Parlement espagnol l’arme au poing. La tentative de putsch de ces nostalgiques du franquisme, rêvant de rétablir un régime autoritaire, fera long feu.

Mais le cas d'école reste la prise du palais d'hiver par les bolcheviques en novembre 1917. Symbole du pouvoir du tsar et siège du gouvernement de Kerenski, l'assaut fut bien moins héroïque que ne le donne à voir la mise en scène du cinéaste Sergueï Eisenstein dans Octobre tourné en 1928.

Renverser la «gueuse» le 6 février 1934

La France n’a pas été épargnée non plus par ces tentatives de prendre d’assaut le Palais Bourbon. La plus célèbre reste celle du 6 février 1934. Les ligues factieuses donnent rendez-vous à leur troupe place de la Concorde avec l’objectif de rentrer en force dans la chambre des députés et renverser ainsi la «gueuse», surnom donné à la République par l’extrême droite de l’époque. Une tentative qui échouera. Le seul coup d’Etat réussi qu’ait connu l’Hexagone demeure celui du 18 brumaire, le 9 novembre 1799 mené par Bonaparte. Le général, ses fidèles lieutenants et ses troupes investissent alors les salles où débattent le conseil des Cinq-Cents et le conseil des Anciens. Le directoire prend fin, commence alors la période du consulat.