«Les partis yéménites sont devenus des milices armées»
Radhya al-Mutawakel, 43 ans, directrice de l'ONG Mouwatana à Sanaa
«Je me trouvais en lune de miel au Caire le jour de la fuite de Ben Ali [le 14 janvier 2011, ndlr]. Ça a contribué encore un peu plus à mon bonheur personnel. C'est un moment qui nous a tous inspirés à travers les pays arabes, qui souffrent des mêmes malheurs. Et j'ai assisté aux premiers rassemblements de la révolution égyptienne, avant de rentrer à Sanaa.
«Le soulèvement au Yémen a commencé fin janvier par des manifestations. Mais le jour exceptionnel a été la chute de Moubarak en Egypte, quand les Yéménites sont sortis en masse dans les rues, incrédules et enivrés. J'ai participé à la contestation avec un enthousiasme certain, mais un espoir modéré dès le départ. Sans doute du fait de ma connaissance de nos forces politiques et de ma qualité de défenseure des droits. Car s'il existait des partis d'opposition et une société civile organisée, personne n'était prêt, avec un programme. Les ONG se sont alignées sur les différents partis ou personnalités d'opposition, qui ont récupéré la protestation, et leur voix distincte s'est perdue. Les jeunes contestataires pacifiques se sont éloignés des mouvements organisés, parce qu'aucun ne portait un projet national, et toute voix indépendante a vite disparu. La militarisation a vite commencé. D'abord au nom de «la révolution pacifique protégée par les armes», puis par des confrontations partisanes, entre seigneurs de guerre. La voie du dialogue nation