Le chef de quartier ouvre lui-même la route de PK12, devançant même le contingent de la Minusca, la force de mission de la paix présente en Centrafrique depuis 2014. Pierre Panisindo, 77 ans, ancien commando sous le règne de l’empereur Bokassa dans les années 70, en a vu d’autres et salue sur son passage les habitants, qui profitent de la récente accalmie pour venir prendre des nouvelles au bord du goudron. Au sol, des douilles, des affaires abandonnées à la va-vite.
Dans son propre jardin, Pierre Panisindo montre un cadavre. «Il y a eu des tirs, les rebelles sont venus. Quand les enfants ont aperçu un corps, ils l'ont emmené ici. Bon à ce moment-là, il n'était peut-être que blessé.» Les riverains se bousculent pour prendre une photo du corps de celui qu'ils qualifient de «mercenaire étranger». D'autres échangent quelques mots en sango, la langue nationale, avec un milicien masqué embauché par Wagner, la société de mercenaires russes très active en Centrafrique. Depuis plus de deux ans, la Russie est le plus proche allié du régime, reléguant de facto l'influence française.
Opérations éclair
Mais dans ce pays vaste comme une fois et demie la France, ni Paris, ni Moscou ne sont jamais parvenus à aider l’Etat centrafricain à rétablir son autorité sur les vastes territoires aux mains de groupes armés locaux depuis six ans. Le président Faustin-Archange Touadera a été réélu à la suite du scrutin du 27 décembre, dont certains de ces groupes armés conte