Les «filles TikTok» sont libres. L’information pourrait être un slogan pour les nombreux jeunes arabes nombreux qui plébiscitent ce réseau social. La nouvelle concerne en fait la relaxe, mardi, par une cour d’appel du Caire de deux influenceuses égyptiennes, condamnées en juillet à deux ans de prison pour avoir publié des contenus jugés «indécents».
Haneen Hossam, 20 ans et 1,2 million de followers et Mawada al-Adham, 22 ans et plus de 3 millions d'abonnés, avaient été arrêtées au printemps pour avoir posté des vidéos où elles chantaient et dansaient. Accusées de «promotion de l'immoralité» et «d'incitation à la débauche», les deux jeunes femmes, ainsi que trois autres «complices» ont été en outre condamnées à verser de lourdes amendes.
Dans le collimateur du pouvoir
Mais sur le point d'être libérées vendredi, les «filles TikTok», comme elles sont surnommées, ont vu leur détention renouvelée pour quinze jours au titre d'une autre charge qui avait été abandonnée : «Traite d'êtres humains.» Une accusation basée sur la participation dans l'une des vidéos postées de deux mineurs pour une campagne de collecte au bénéfice d'un hôpital d'enfants malades du cancer. Et ce alors que la mère des deux enfants avait signifié son accord pour cette campagne.
Ce dernier rebondissement confirme en fait la défiance des autorités égyptiennes face à tout espace d’expression, notamment les réseaux sociaux, déjà étroitement surveillés. Après les défenseurs des droits de l’homme et les militants politiques, les jeunes influenceurs sont désormais dans le collimateur du pouvoir.
«Images indécentes»
La nouvelle répression au nom de la moralité publique trouve un écho dans la société égyptienne conservatrice, comme dans d'autres pays arabes, y compris au Maghreb. Un blogueur marocain publié sur le site d'Al-Jazeera a intitulé son article dénonçant les images de chant et de danse en tenue légère «TikTok, l'application qui révèle la déchéance morale de nos sociétés». En Algérie, le ministère de l'Education avait mis en garde l'année dernière contre «les dangers» de l'application dont l'utilisation se répand de plus en plus parmi les adolescents, les exposant à des «images indécentes».
A regarder les vidéos des jeunes égyptiennes condamnées, joliment habillées et maquillées mais qui chantent en gardant leur foulard sur la tête, on se dit que ces «filles TikTok» libres ont la débauche bien sage.