Menu
Libération
Billet

Frappe française au Mali : qui peut se satisfaire de deux vérités ?

Article réservé aux abonnés
Treize jours après le bombardement sur le village de Bounti, dans le centre du pays, un doute demeure sur les victimes civiles. Paris martèle sa version et demande qu'on lui fasse confiance. Sans apporter d'élément de preuve incontestable.
La ministre des Armées, Florence Parly, le 8 janvier à Haguenau, lors de son discours en hommage aux soldats français tués au Mali le 2 janvier. (Photo Patrick Hertzog. AFP)
publié le 16 janvier 2021 à 10h05

Treize jours après un bombardement français aux abords du village de Bounti, dans le centre du Mali, on ne peut toujours pas qualifier les faits. Frappe ciblée contre des membres d'un groupe terroriste, comme l'affirment les armées et la ministre Florence Parly ? Bavure touchant des civils participant à un mariage, comme le disent des associations locales et des témoignages recueillis par la presse, dont Libération ?

Au fil des jours, le ministère a diffusé des éléments factuels qui recoupent en grande partie les récits d'habitants. On sait donc que le 3 janvier, entre 14h30 et 15 heures deux Mirage 2000 basés à Niamey, dans le Niger voisin, ont largué trois bombes à proximité de Bounti. De manière tout à fait inhabituelle, sinon inédite, les armées ont fourni les coordonnées GPS de la frappe. Ce point (30 PWB 4436 83140) se situe à un endroit dégagé, à environ 1,5 kilomètre des premières cases de Bounti visibles sur les images satellitaires.

«Pas de rassemblement festif»

Qui a péri sous ces bombes ? C'est là que les versions divergent totalement. Selon l'organisation peule locale, Jeunesse Tabital Pulaaku, 19 hommes sont morts, dont la plupart avaient plus de 40 ans, l'écrasante majorité habitait dans le village et beaucoup appartenaient aux mêmes familles. Un profil qui colle avec des participants à un mariage. L'armée française, pour sa part, maintient sa lign