Les lettres sont hautes de six mètres. Dès la tombée de la nuit, les T, R, U, M et P de l’enseigne géante se reflètent dans l’eau sombre de la Chicago River et narguent les lumières du Magnificent Mile, le prestigieux quartier de la mégapole du midwest. Le International Trump Hotel and Tower, son magnifique gratte-ciel de 96 étages, a été inauguré en 2009, mais Donald Trump a attendu cinq ans, jusqu’en 2014, la fin de ses déboires financiers pour ce projet et l’approche de son entrée en lice à la présidentielle, avant d’apposer sa griffe, son nom décliné sur 250 mètres carrés de néons hideux. Faute d’arguments juridiques, la ville de Chicago s’était inclinée, et l’immeuble, censé exsuder la réussite du Donald, baron de l’immobilier et vedette du reality show le plus populaire de l’histoire américaine, s’est mué bientôt en destination habituelle des manifestations d’opposants à sa présidence.
Jusqu'au 6 janvier. Depuis l'assaut contre le Capitole, deux membres du conseil municipal tentent de faire voter un règlement interdisant toute transaction, et a fortiori toute autorisation de pose d'enseigne, pour un individu «coupable de trahison, de sédition et d'activités subversives». Encore faudrait-il, pour devoir décrocher son nom, que Trump soit condamné par le Sénat lors