La place Pouchkine, en plein centre de Moscou, est bouclée par des cordons de police. Ceux qui s’y aventurent se font embarquer sans ménagement. Alors les partisans d’Alexeï Navalny, réunis ce samedi dans la capitale pour exiger sa libération, se concentrent de part et d’autre des barrages, le long des boulevards adjacents, débordent dans la rue Tverskaïa et avancent vers le Kremlin. En passant à côté d’eux, les voitures klaxonnent en signe de soutien, comme le faisaient, cet été, les automobilistes biélorusses.
Il règne une ambiance étonnante, caractéristique des manifestations d'opposition en Russie, un mélange très particulier de gravité et d'insouciance. A l'angoisse toujours présente de la charge de police et des arrestations arbitraires, à l'idée que parmi les présents dans la foule, plusieurs centaines seront arrêtés, et deux ou trois malchanceux écoperont peut-être de plusieurs années de prison, fait pièce une bonne humeur générale et une créativité étonnante dans les slogans. Le documentaire-choc publié mardi dernier par Navalny, qui dénonçait la richesse délirante du palais secret de Vladimir Poutine, a manifestement inspiré les moscovites. Référence aux brosses à WC à 700 euros pièce épinglées par l'opposant, plusieurs manifestants ont apporté les leurs. Artiom, la trentaine, en a quatre, enveloppées dans du ce