«Maintenant que le Brexit est là, je suis extrêmement déçu.» Sur son petit bateau amarré à Largs, station balnéaire de l'ouest de l'Ecosse, Ian Wightman secoue des langoustines fraîchement pêchées. Les crustacés tombent dans une cagette où des dizaines d'autres gisent encore vivantes. Au sol, deux caisses sont aussi bien remplies. En trente-six ans de métier, le pêcheur de 57 ans n'a jamais eu besoin de stocker ses produits. «Avant le Brexit et le Covid-19, tout ce qu'on attrapait durant la journée était sur les étals vingt-quatre heures plus tard. Aujourd'hui, on ne peut pas anticiper à cause des délais de transport et de la paperasse : en décembre, c'était un document à remplir, maintenant c'est 47 pour la même transaction», se plaint le marin, qui a pourtant voté «leave» en 2016. Son activité a été réduite de 50 % depuis la fin de la période de transition post-Brexit, affirme-t-il. «On fait juste assez d'argent pour payer les factures et manger. C'est vivre pour survivre, en attendant que les choses s'améliorent», décrit-il, combinaison jaune et bleue sur le dos. Et en raison de trop grandes incertitudes liées aux nouvelles règles d'exportation, le pêcheur ne sort quasiment plus en mer.
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La situation dans laquelle se trouve Ian Wightman est c