Les installations high-tech, blanches et proprettes - deux serres et un laboratoire - se voient de loin, se réfléchissant sous le soleil de plomb. A des kilomètres à la ronde, les paysans du département du Tolima ont plutôt l’habitude, dans ce climat chaud et sur ces sols riches en eau, de travailler dans les rizières pour de grands propriétaires terriens. Mais là, au bout de quarante minutes d’un mauvais chemin en terre, et à plus de quatre heures de route de Bogotá, les travailleurs et les visiteurs doivent passer par une guérite, des portiques et le contrôle de gardes affables pour pénétrer dans le domaine de Khiron. Une des nouvelles entreprises qui a parié sur l’industrie du cannabis thérapeutique en Colombie, dont la culture et la commercialisation à des fins médicales et scientifiques sont autorisées depuis 2016.
«Stables et standardisés»
Alvaro Torres, le fringant PDG, aux yeux vert-bleu comme la feuille de cannabis qui orne sa chemise (le logo de son entreprise), fait visiter ses serres. Dans l'une, plus de 20 000 plants de toutes tailles embaument déjà : ce sont des variétés de cannabis à fort taux de cannabidiol (CBD). Un ouvrier les aspire consciencieusement pour qu'aucune bestiole ne nuise à leur croissance, d'autres enlèvent les feuilles mortes, examinent plant par plant ordinateur en main, les taillent pour que les têtes soient plus faciles d'accès en période de floraison… Certains plants sont déjà prêts pour la cueillette. «C'est la fleur qui est importante, pas l'odeur», soul