En partenariat avec le Festival d’Avignon et Avignon Université, l’Afdas organisera le 12 juillet le premier Forum de l’inclusion économique dans la culture et les industries créatives. Libération, partenaire de l’événement, publiera sur son site tribunes, reportages et enquêtes sur le sujet.
Le Festival d’Avignon commence à pointer le bout de ses affiches dans les rues de la Cité des Papes, en ce début juillet. Mais cette année, le jardin remarquable de l’ancienne fac de sciences, dans lequel se déroulent habituellement quelques représentations théâtrales, restera fermé au public pour cause de rénovation. En effet, l’imposante bâtisse du XIXe siècle située aux abords de l’université d’Avignon désaffectée depuis 2015, est en passe de devenir la Villa créative – la pose de la première pierre est prévue le 12 juillet. Ce tiers-lieu d’un genre nouveau ouvrira ses portes à l’été 2023 et regroupera, sur 8 200 mètres carrés de bâtiments patrimoniaux et de jardins, différents acteurs de la culture et des industries créatives, le tout chapeauté par l’université d’Avignon qui y installera son laboratoire de recherche et son service de formation baptisé Tout au Long de la Vie.
Parmi les futurs locataires permanents, on retrouve tout naturellement le Festival d’Avignon, mais aussi l’Ecole des Nouvelles images qui forme au dessin d’animation et dont la renommée internationale n’est plus à faire, la première antenne avignonnaise du Centre national des Arts et Métiers, le festival Frames qui donne met à l’honneur la création vidéo du web et La French tech Provence qui accompagne les start-up innovantes. Un espace coworking est aussi prévu.
«Ouvrir le lieu sur la ville»
«La Villa Créative sera un instrument déterminant de la structuration de l’écosystème culture, patrimoine, sociétés numériques qui correspond à l’un des deux axes de différenciation qu’Avignon Université développe depuis près de vingt-cinq ans», souligne Philippe Ellerkamp, président de l’Université d’Avignon. «La Villa créative favorisera aussi l’émergence de projets dans nos domaines de prédilection avec un focus particulier sur les projets qui se situent aux interfaces entre la science et la société», poursuit-il.
C’est à sa directrice de cabinet, Anne-Lise Rosier, que le président du Campus Hannah Arendt confie depuis quatre ans la lourde «mais passionnante» tâche de diriger le projet. «L’objectif premier était d’ouvrir le lieu sur la ville, de le restituer aux Avignonnais et de le décloisonner en allant chercher des partenaires au-delà des frontières universitaires», explique la directrice de la Villa Créative. «Il s’agit de permettre une hybridation des publics et de faire en sorte que ceux qui n’osent pas franchir les frontières de l’université osent enfin venir sur ce site remarquable», appelle-t-elle de ses vœux.
C’est le projet de l’architecte italien Alfonso Femia, auquel on doit notamment le réaménagement des Docks à Marseille, qui a été retenu. Une rénovation ouverte sur la ville et facilitant les rencontres entre les différents acteurs du lieu, notamment en veillant à utiliser au mieux les espaces de passages pour en faire des espaces d’interactions. Un grand escalier central est prévu à cet effet. Un auditorium de 80 places doit aussi être créé ainsi qu’un plateau artistique et un d’exposition. «Nous envisageons une programmation tout au long de l’année, au-delà du temps fort de la saison estivale. Car nous voulons que la Villa créative ne soit aussi un espace où l’on pense les politiques culturelles de demain», insiste la directrice qui envisage de faire de la Villa créative un label.
Pionnier
Qu’une université soit motrice sur ce genre de projet est novateur, son modèle économique aussi. En devenant la première Société universitaire et de recherche (SUR) en France, avec un budget d’1,9 million d’euros, l’établissement d’enseignement supérieur avignonnais devient pionnier d’un nouveau véhicule juridique qui permet aux universités de s’associer à des investisseurs privés.
«Il nous a fallu trouver un moyen d’autofinancement pour faire fonctionner la Villa créative», explique Anne-Lise Rosier. Bien consciente qu’un partenariat public-privé concernant l’enseignement supérieur peut faire peur, la directrice se veut rassurante : «C’est l’université qui garde la main sur la gestion et l’exploitation du lieu en restant majoritaire à 48 %. L’Etat devient investisseur à 17 %. Quant à notre partenaire privé, il possède 35 % de part d’investissement». Il s’agit de l’entreprise Etic, qui gère une dizaine de tiers lieux en France et œuvre sur le champ du développement durable, de l’économie sociale et solidaire et du financement responsable. «Il était primordial pour nous de nous engager avec un partenaire dont nous partagions les valeurs», souligne Anne-Lise Rosier.
«Ce modèle permet d’animer l’un de nos axes de recherche et de formation sans nécessité de dotation ou de subvention supplémentaire et permet de dégager des bénéfices pour l’université qui seront utilisés au service de ce projet et d’emplois qui y seront attachés. La force de ce modèle est qu’il peut être duplicable et servir les missions des universités», conclut Philippe Ellerkamp. Alors que la pose de la première pierre de la Villa créative à lieu le 12 juillet, un autre projet de Villa est d’ores et déjà engagée, sur l’agroscience, l’autre axe de l’université d’Avignon : la Villa naturalité.