Conscient de «la reproduction sociale» qui a cours dans le milieu du spectacle ou de l’audiovisuel, l’organisme, qui accompagne près de 60 0000 salariés, a noué des partenariats favorisant l’inclusion et la diversité.
La France n’a-t-elle droit qu’à «une télévision d’hommes blancs de plus de 50 ans» ? C’est la question que posait Delphine Ernotte, en 2015, au micro d’Europe 1, après sa nomination à la tête France Télévisions. Une situation qu’elle souhaitait «impérativement changer». Du côté du cinéma, du théâtre, des arts et de la culture, l’heure aussi est à l’inclusion : ethnique, sociale et géographique. Pour parvenir à cet objectif, l’Assistance formation des activités du spectacle (Afdas) organise, le 12 juillet, son premier forum de l’inclusion économique afin de s’interroger sur les leviers à activer pour permettre au monde de la culture de se rapprocher du multiculturalisme de ses publics.
Née en 1972, l’Afdas a pour premier objectif de permettre l’application de la loi Delors, votée l’année précédant sa création, portant sur la formation professionnelle. Celle-ci offrait aux salariés la possibilité de bénéficier de congés pour accéder à des formations. Ainsi, près de 600 000 salariés du monde de la culture, du divertissement, de la presse, de la communication et des loisirs peuvent accéder à un interlocuteur pour améliorer leurs compétences, les faire certifier et valoir au sein du marché de l’emploi. Au total, 45 conventions collectives professionnelles peuvent se tourner vers l’Afdas.
Pour permettre aux secteurs qu’elle couvre d’améliorer leur inclusivité, l’Afdas s’est associée à des différents partenaires ayant acquis une expertise dans le domaine. Les Déterminés, un programme d’accompagnement en entreprenariat fondé en 2015 par Moussa Camara en est un exemple. L’Afdas a noué une collaboration avec cette association permettant à des publics issus «des banlieues et des milieux ruraux», généralement peu informés, incités ou «pris au sérieux» en matière d’entreprenariat. Ce sont eux, explique ce formateur «en humain», qui «font vivre ces territoires» : aussi doivent-ils pouvoir prendre part à leur développement économique.
Entre-soi
Aux côtés de l’Afdas, Les Déterminés ont lancé le programme IIN (Impossible is Nothing, Rien n’est impossible) en février. Dix-huit jeunes entrepreneurs sont ainsi accompagnés par le collectif de Moussa Camara pour intégrer le secteur de la publicité qui, selon l’Afdas, «souffre cruellement de reproduction sociale». Ces jeunes, «qui ont plein de bonnes idées mais manquent de moyens pour les réaliser», bénéficient de l’accompagnement de son association rompue à la formation des publics populaires. Les Déterminés «leur donnent des savoirs-être, des savoir-faire», détaille l’entrepreneur de 35 ans décoré de l’Ordre national du mérite, tandis que l’Afdas «trouve les moyens pour qu’ils soient pris en charge».
La crainte d’être instrumentalisés et de n’être qu’une vitrine pour apparaître dans l’air du temps qui donne la part belle à l’inclusion était bien présente dans l’esprit de Moussa Camara. Mais dès les premières rencontres avec l’Afdas et l’Association des agences-conseils en communication (AACC), son inquiétude s’est dissipée. «Lorsqu’ils sont venus nous voir, ils avaient conscience qu’il y avait un entre-soi» dans le secteur auquel il fallait «remédier», estime le patron des Déterminés. «Si nous avions senti qu’il ne s’agissait que d’une opération de communication, nous n’y serions pas allés», affirme-t-il. Du côté des entreprises qui ont accueilli les 18 jeunes du programme IIN, il se réjouit aussi de constater «un fort engagement» et une «considération» pour ces nouveaux travailleurs. «On travaille beaucoup sur la confiance en soi», indique-t-il, suggérant qu’il s’agit d’une des clés centrales pour l’emploi des publics populaires.
L’inclusion, c’est aussi l’accès à l’emploi et à la formation des personnes en situation de handicap. Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) assure qu’il s’agit d’une de l’une de ses priorités. «Nous avons à cœur d’accompagner les organismes de formation qui cherchent à être plus inclusifs dans les parcours professionnels», affirme Leslie Thomas, secrétaire générale du CNC. Une mission qui ne crée «pas de consensus», estime-t-elle toutefois. Certains organismes, déclare-t-elle, ont «toujours voulu» se pencher sur l’accessibilité aux publics en situation de handicap «sans en avoir les moyens» et se réjouissent aujourd’hui des possibilités naissantes. Pour d’autres, de telles politiques relèvent davantage de la «contrainte». En ce qui concerne l’Afdas, le CNC estime qu’elle est «très au fait des réalités du secteur» ; pour estimer que l’inclusion est une nécessité, pas une volonté éphémère et superflue.