Menu
Libération
«Au Bonheur des Mômes»: Rencontre

«Les adultes qui travaillent ici ont tous gardé leur côté enfant»

Festival Au Bonheur des Mômesdossier
Sylvie Bries, est décoratrice du festival du Grand-Bornand depuis vingt-sept ans.
Au festival «Au Bonheur des Mômes» du Grand-Bornand. (G. Piel - Le Grand-Bornand)
publié le 4 juillet 2022 à 9h11
(mis à jour le 6 juillet 2022 à 16h12)
Le festival «Au Bonheur des Mômes» du Grand-Bornand fêtera du 21 au 26 août son trentième anniversaire. Partenaire de l’événement mêlant écologie, culture et engagement citoyen, Libération publiera tout l’été articles, interviews et tribunes sur les thématiques phares du rendez-vous savoyard.

Sylvie Bries est une fidèle. Le festival, elle l’a vu grandir au fils des ans et devenir «dix fois plus grand». Au bonheur des Mômes fêtera cet été ses trente ans. «Quand je suis arrivée il n’y avait pas de décoratrice du tout, explique-t-elle. Je connaissais juste quelques personnes du théâtre ; il n’y avait pas cinquante bénévoles… Ils cherchaient quelqu’un pour réparer des structures en papier mâché. C’était un petit budget pour la déco, il est devenu de plus en plus gros.»

Les premières affiches ont été réalisées par le dessinateur Kaviiik, qui a décliné depuis «des tas de choses pour donner une marque visuelle au festival». Il n’y avait pas d’ateliers, aujourd’hui on en compte vingt différents. Ils se nomment «Imagine», «Menuiserie» «Arts plastiques basé sur le recyclage», «Théâtre d’improvisation», «Jeux ludo-pédagogiques». «On travaille dans des écoles à méthode actives, à l’instar de ce que faisait le pédagogue Ovide Decroly, détaille Sylvie Bries. C’est notre manière de penser et de voir les choses, comme la méthode Freinet. Cela démarre en tenant compte de l’intérêt des enfants, la façon de suivre leur rythme tout en intégrant les travaux manuels et les arts plastiques dans les apprentissages». Et d’ajouter : «Les adultes qui travaillent ici ont tous gardé leur côté enfant, ce n’est pas un festival commercial. Il y a un effort pour rechercher des activités un peu spéciales, créatives et farfelues. Les enfants ne sont pas pris pour des imbéciles.»

Commencée avec à peine deux trois bonnes volontés, son équipe compte désormais quinze personnes. Sylvie Bries arrive une semaine avant le festival pour organiser le «retapage» (arranger ce qui est abîmé). «C’est complexe à gérer, car c’est beaucoup de choses en même temps, explique la décoratrice, mais les gens viennent depuis plusieurs années ; ils connaissent. C’est vraiment un partage, ils drainent un esprit collectif. Tout le monde travaille de la même manière, même les bénévoles.»

Elle raconte aussi que le cadre est très apaisant. Les gens du village, de l’office du tourisme, «bienveillants». «Ils sont contents de voir revenir les Belges [son pays d’origine, ndlr]. On nous appelle “la Belgerie”. On arrive à fédérer par nos personnalités». Dans le groupe, son frère Michel Bries, et l’équipe d’Imagine, qui s’occupe de la photo du festival. «On propose des projets créatifs qu’ils n’ont pas l’occasion de réaliser ailleurs.» «On ne se prend pas au sérieux, poursuit la décoratrice. Il y a des échanges entre toutes les parties les techniciens, les compagnies… Il y en a beaucoup qui viennent ici pour l’ambiance.»

Elle souligne enfin à quel point de nombreux jeunes du Grand-Bornand ont choisi des directions professionnelles qu’ils n’auraient jamais tentées s’ils n’avaient pas eu ce festival. «Cela a ouvert l’endroit, les gens d’ici acceptent plus facilement les autres. Je pense avoir eu le respect de beaucoup de gens du village. On a, ainsi, beaucoup bossé avec les pisteurs : ils nous voient travailler depuis six heures du matin. On a acquis du respect grâce à cela : en leur montrant qu’on pouvait travailler beaucoup et pour pas grand-chose», conclut-elle.