En France, le secteur de la construction crée beaucoup. De richesse d’abord (près de 8 % du PIB), et d’emplois, ensuite (1,8 million environ). Dans le même temps, à toute aussi grande échelle mais à bas bruit, il détruit aussi… Point de chiffres, cette fois : la ressource qu’il éreinte est difficile à quantifier. Elle se nomme pipistrelle commune, hérisson d’Europe, hirondelle de fenêtre, papillon citron, ou orpin blanc.
Le conflit, pas vraiment neuf, s’est radicalisé ces dernières décennies. «Les années 70 et 80, promotrices d’une cité toute de verre, de béton et d’acier, ont laissé un héritage dont on n’est pas encore sorti», souligne Elsa Caudron, paysagiste-urbaniste et responsable du programme «nature en ville», à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Un héritage «désastreux pour la biodiversité» : imperméable, lisse et minéral, le bâti contemporain rend de nombreuses espèces «SDF» (oiseaux nicheurs, chauve-souris, insectes, etc.), fractionne, isole et appauvrit les écosystèmes.
«Faire revenir la biodiversité en ville»
«La ville moderne s’est constituée dans le rejet du monde sauvage», rappelle Philippe Simay, maître de conférences en philosophie à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville (Ensa-PB). «Mais le vent tourne, poursuit-il, nous arrivons au bout de ce système et rejaillissent les besoins de liens avec le vivant, y compris en ville.» De fait, au sein du secteur, la prise de conscience a eu lieu. «La problématique biodiversité a pris une au