C’était «la perle de l’Empire». L’Indochine était alors la colonie française la plus riche et la plus peuplée. Une terre de cocagne qui fournissait des hévéas, indispensables pour fournir le caoutchouc nécessaire aux pneumatiques à l’industrie automobile encore balbutiante à l’époque, des débouchés à ses fonctionnaires et des rêves à une population en mal d’horizons lointains. L’Etat français, la République, gérait aussi le commerce de l’opium comme la Seita, celui des tabacs. Au grand dam d’ailleurs des trafiquants de Cholon, le quartier des commerçants chinois de Saïgon qui jusque-là en détenaient le monopole, sans que personne n’y trouve rien à redire. La France y trouvait son compte à coups de taxes et d’impôts sur cette sorte de gelée brune issue du pavot et hautement rentable.
Commencée en 1858, la conquête de ces terres de rizières et de jungle labourées par des buffles avec des cornes en formes de lyre, l’Annam, le Tonkin et la Cochinchine, s’achève en 1887 avec un protectorat sur le Laos et le Cambodge. Au début des années 1900, ces pays forment alors l’Union indochinoise.
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Cet Orient nouvellement conquis devient très vite tendance. Il inspire les artistes, les grands couturiers, les ébénistes et autres maîtres verriers. La vague de l’orientalisme commence à gonfler. L’Indo, ses fumeries d’opium et son exotisme, nourrit dans l’imaginaire des Français toute une imagerie et un imaginaire, des films et des romans comme Sur la Route mandarine écrit par