Du 17 au 19 mars 2022, auront lieu à Poitiers les premières Rencontres nationales de l’éducation populaire. Une réponse politique, sociale et culturelle aux enjeux de demain. Libération partenaire de l’événement, proposera le 18 mars à 20 h 30 une table ronde sur le sujet. A suivre sur notre site.
Les constats sont rudes, mais partagés. Inquiétants, mais pas définitifs. La démocratie telle qu’exercée aujourd’hui ne rencontre plus ses citoyens, les liens entre habitants et élus se délitent, marqués par une réelle défiance. L’abstentionnisme croissant traduit la désillusion et le manque de confiance des citoyens dans leurs représentants politiques. Les espaces de démocratie participative peinent à sortir du simple principe de consultation et celles et ceux qui ne sont pas rompus à ces formes d’expression et de rencontre restent à l’écart du débat démocratique. Ce tableau est aujourd’hui partagé tant par la société civile que par la plupart des élus, qui ressentent une forme d’impuissance dans leur exercice du pouvoir, tout en ayant conscience de l’enjeu à renouer un lien et une relation de confiance avec les citoyens.
Nous ne pouvons pas non plus nous satisfaire de l’idée selon laquelle les habitants seraient résignés, désengagés, désintéressés de la chose publique, des décisions qui impactent leur quotidien ou leur avenir. Dans ce cas, que dire des mobilisations citoyennes de ces dernières années ? Des envies d’expression et d’agir des citoyens ? Tout l’enjeu est de concilier ces envies d’agir et de faire société de part et d’autre. De mieux articuler démocratie représentative et démocratie «en action», pour nourrir une démocratie dans laquelle les citoyens et leurs réalités ont toute leur place. Ensemble, citoyens et élus, ouvrons nos façons de penser le réel pour pouvoir agir dessus.
Les centres sociaux, acteurs d’éducation populaire, mettent en œuvre depuis longtemps des espaces et des formes de coopération entre habitants et élus. A l’instar de 150 banquets citoyens qui seront animés dans l’espace public à l’été 2022, ils expérimentent sans cesse et contribuent à renouveler des espaces de rencontre, de dialogue et de débat où la parole de chacun est prise en compte. Des espaces où le dissensus a sa place, où l’on sort des logiques de débat stérile et de la dichotomie qui nous pousse à adhérer ou s’opposer aux idées qui ne sont pas les nôtres, sans chercher à cheminer ensemble dans une co-construction.
A contrecourant des joutes médiatiques et politiques, notre projet est de faire vivre un débat fécond, une démocratie aux formes d’exercice multiples, une démocratie qui ne se cantonne pas au recueil d’expressions individuelles, mais qui construit une parole et une pensée collectives. Inventons ensemble, centres sociaux, acteurs de l’éducation populaire et élus locaux, des formes de coopération où la place des principaux concernés est considérée comme essentielle à l’élaboration des politiques qui les concernent. Pensons de nouveaux rapports de pouvoir entre habitants et élus, dans lesquels chacun se voit comme partenaire, acteur dans la construction de ces politiques. Face à la crise démocratique, il est plus que temps de travailler ensemble, concrètement, à un renouvellement démocratique. Notre réseau prendra dans les prochains mois des initiatives dans ce sens.